Au pays des lys noirs - Souvenirs de jeunesse et d'âge mûr
de Adolphe Retté

critiqué par Elya, le 14 décembre 2013
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
Anarchisme, catholicisme, poésie
Je cherchais dans les livres numériques du domaine public des récits autobiographiques susceptibles de me plaire. Je suis tombée sur cette œuvre d’Adolphe Retté, qualifié d’intellectuel-poète-anarchiste-catholique converti, qui a vécu essentiellement fin XIXème siècle en France.

Ces récits autobiographiques ne semblent pas rédigés et présentés de manière chronologique ni suivie. On dirait plutôt que Retté aborde des domaines auquel il attache de l’importance (la nature, la religion, l’anarchie…), ou qu’il condamne (certains milieux intellectuels, les dogmes…). J’ai beaucoup aimé sa façon de s’exprimer sur ces sujets.

Le voici parlant de Victor Hugo :
« Merveilleux forgeron des rythmes, éblouissant créateur d’images, stupéfiant constructeur d’antithèses parfois évocatrices, splendide halluciné de la tempête et de l’ombre, il incarna, plus que personne, ce désordre chatoyant que fut le romantisme. »

Ou encore critiquant la société dans laquelle il évolue, et dont certains reprendraient volontiers la trame en en modifiant quelques mots pour l’appliquer aujourd’hui :
« esquisser quelques aspects d’une société troublée où la plupart de nos contemporains font l’effet d’un troupeau sans berger, piétinant au hasard parmi des ruines, fuyant le bercail que leur ouvre l’Eglise, broutant avec avidité les euphorbes et les aconits de l’individualisme ou de l’humanitairerie. J’ai donc peint quelques uns des prototypes de ces aberrations. »

Il définit brièvement ce qu’est le mouvement anarchiste pour lui. Il prône un anarchisme non violent. Il insiste également sur la place que l’on doit apporter à l’éducation. Il n’y va pas de main morte pour remettre en cause l’instruction publique des « campagnards » :
« Car demander à un paysan de se passionner pour des abstractions, d’acquérir une science dont il ne saisira pas l’application immédiate et tangible, c’est enfouir des grains de café torréfiés dans du sable, avec le fol espoir qu’ils finiront par germer. »

Je ne sais pas ce qu’apporte concrètement la lecture de cet ouvrage, si ce n’est un agréable moment et quelques sourires activés par ces agréables tournures.