Les carnets du sergent fourrier de Maurice Gabolde

Les carnets du sergent fourrier de Maurice Gabolde

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par JulesRomans, le 23 décembre 2013 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 65 ans)
La note : 10 étoiles
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Week-end à Dixmude en 1915, week-end à Zuydcoote en 1940

Si l’auteur est connu des historiens, son petit-fils l’a été pour ses responsabilités à la Cour des comptes européenne. C’est ce dernier qui rédige les très intéressantes notes d’un récit qui court du 26 juillet 1914 au 8 juillet 1915, date à laquelle l’auteur entre en convalescence à l’hôpital militaire de Pantin (une photographie des infirmières est à la page 292) et y rédige ses souvenirs, à partir de ses notes qu'il avait prises sur son carnet de poche.

Pour bien comprendre l’intérêt de ce livre il faut en savoir bien plus sur son auteur que ce qui est en est dit au début de l’ouvrage :

« Plus tard, Maurice Gabolde entrera dans la magistrature. Après des débuts à la Chancellerie, il deviendra membre d’un parquet de province et poursuivra sa carrière jusqu’au poste de Procureur de la République à Paris, en décembre 1941. Les événements qui s’ensuivirent et qui affectèrent sa vie personnelle le conduisirent en Espagne où il termina sa vie ».

Sous les drapeaux pour son service militaire au moment de la déclaration de guerre, Maurice Gabolde est né à Castres où il a passé ses quinze premières années, son père y était contrôleur à l’enregistrement. Il devient entre autre procureur à Lons-le-Saunier, puis de 1925 à 1927 à Belfort, avocat général au procès de Riom intenté par le gouvernement de Vichy à certains hommes politiques de la IIIe république, il est procureur de l'État à Paris au début 1941. Il rédige l'article 10 de la loi du 14 août 1941 réprimant l'activité communiste ou anarchiste qui se traduit par la mise en place des sections spéciales auprès de chaque Cour d'appel. Du 26 mars 1943 au 17 août 1944, il devient garde des Sceaux du gouvernement Laval où il se fait le chantre de la répression des résistants. Durant deux semaines, il retrouve Belfort avec l’ensemble des ministres et le maréchal Pétain juste avant qu’Hitler ne décide de transférer tous ceux-ci à Sigmaringen où ils arrivent le 8 septembre 1944. Avec Pierre Laval, il part (grâce à Rudolf Rahn) en avion le 2 mai 1945 pour Merano dans le Trentin puis Barcelone en Espagne.

Le livre commence ainsi :

« 26 juillet 1914 dimanche. Dans le wagon qui nous emportait vers les Vosges, Bouyer et moi causions tranquillement des événements diplomatiques dont nous instruisaient les journaux de Paris achetés au départ de Nancy. C’était le 26 juillet 1914, et, tout à la joie d’une courte permission, nous ne pouvions ajouter de sérieuse importance aux noirs commentaires de la rupture austro-serbe ».

Le 69e régiment d’infanterie, auquel il appartient, a pour casernement Nancy et Toul. "Les carnets du sergent fourrier : Contribution à l'histoire de la Grande Guerre" démarrent avec un début de guerre en Lorraine. Suivent un passage en Picardie à l’automne, puis l'auteur séjourne longuement durant l’hiver 1914-1915 dans la petite portion de la Belgique non occupée, il y rencontre la reine de ce pays à Ypres (page 182).

Ce n’est que le 16 avril 1915 qu’il quitte la Belgique et il participe aux combats en Artois. Maurice Gabolde sert comme agent de liaison et il est victime de tirs de l’artillerie allemande le 30 juin 1915. Jamais on n’avait d’ailleurs aussi bien montré, dans un livre de souvenirs, en divers passages combien les projectiles de cette dernière étaient redoutés et meurtriers. La façon dont il rapporte les circonstances de sa blessure, et les conditions dans lesquelles il est évacué (page 289), permettent d’approcher combien est léger le moment de la blessure et lourd le poids des heures qui suivent. Cet ouvrage est remarquablement bien écrit, le récit est fluide, le ton sobre permet de faire passer plus aisément l’univers des poilus et leurs souffrances en nous plaçant comme témoin direct.

Le document à la page 291, que son petit-fils n’a pas identifié, est tiré du "Tableau d’honneur" de la Guerre 1914 – 1918, qui était un supplément de "L’Illustration". C’est l’unique petit reproche que l’on peut faire aux compléments d’information apportés par Emmanuel Galbolde. Ce dernier donne des précisions sur tous les personnages cités, apportant ainsi des informations sur de nombreux hommes du 69e RI ou des gens connus comme par exemple Théodore Botrel un des chanteurs bourreurs de crâne (page 226), il précise de quels lieux son grand-père parle, il fournit des explications sur des termes militaires ou d’argot du poilu, il propose quatre-vingt illustrations variées. Dans les annexes on trouve en particulier une carte du front en juin 1915 avec le parcours de l’ensemble des jours de guerre de Maurice Gabolde et des citations à l’ordre de l’armée de certains camarades de ce dernier. Un index des noms de personnes, de lieux et de mots d’un vocabulaire spécifique est fort heureusement fourni.

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