Romanesques, Tome 1 : Le miroir qui revient
de Alain Robbe-Grillet

critiqué par Lectio, le 11 décembre 2013
( - 75 ans)


La note:  étoiles
Pile ou face ? vrai ou faux ? rouge ou noir?...
Premier ouvrage de la trilogie "les romanesques" le ton adopté diffère des romans d'Alain Robbe Grillet. L'auteur se raconte enfant, dans le clan familial, durant la guerre, romancier. Mais si vous attendez une sage progression chronologique dans cette biographie, A. Robbe Grillet vous prévient : "il ne faudrait pas attendre de ces pages quelque explication définitive que ce soit, ni seulement véridique... je ne suis pas un homme de vérité, ai-je dit, mais non plus de mensonge.." L'autobiographie est impossible, mais l'écriture est autobiographique, qui plus est " je n'ai jamais parlé d'autre chose que de moi". Le trouble est jeté, le doute insinué, la mémoire incertaine de l'auteur génère peut-être des inventions prévient le pape du nouveau roman. Lisons donc en lignes troubles : qui était Henry de Corinthe, ce personnage fugace, ambigu et énigmatique, ami de la famille ? est-il réel ou fictif ? L'épisode du miroir qui revient, titre donné au livre, relève plus du conte fantastique que du souvenir autobiographique. Nous retrouvons autant que dans les romans ou les films de Robbe Grillet ses fantasmes, ses obsessions, ses rêves et cauchemars, ses fantômes et ses spectres, sa fascination pour la mer, la noyade, son goût pour le fétichisme, la perversion et le crime sexuel. " Je me serais mis à écrire des romans pour exorciser ces fantômes dont je ne venais pas à bout et me fait d'autre part découvrir que le biais de la fiction est, en fin de compte, beaucoup plus personnel que la prétendue sincérité de l'aveu" Dont acte Monsieur l'Ecrivain. Laissons aux critiques, exégètes et autres le soin de trancher (autant que faire ce peut) entre autobiographie, autofiction, roman. Vous réussissez à nous étonner, nous intriguer, nous interroger et, finalement, comparé à une traditionnelle biographie, nous baillons moins d'ennui.