En direct du couloir de la mort de Mumia Abu-Jamal

En direct du couloir de la mort de Mumia Abu-Jamal
(Life from death row)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Cyclo, le 6 décembre 2013 (Bordeaux, Inscrit le 18 avril 2008, 78 ans)
La note : 10 étoiles
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La prison, une solution, non : un problème...

Le livre de Mumia Abu-Jamal, "En direct du couloir de la mort", nous parle de la situation des jeunes (et vieux) noirs des USA, aujourd'hui encore : "Alors qu'ils sont privés de toute possibilité de subsister légalement, méprisés par les politiciens prédateurs et par la police, abandonnés à un système éducatif dégradé qui ne leur laisse guère de chance de réussir, au lieu de paroles d'amour, les enfants de cette génération n'entendent que des paroles de mépris. Devons-nous vraiment nous demander pourquoi ces jeunes sont aliénés ? Où est la surprise ? […] Ils sont moins « perdus » qu'« égarés », voire abandonnés, par un système de plus en plus raciste qui sape leur potentiel", nous dit-il du fond de sa prison, où il croupit après un procès inique comme il y en tant aux États-Unis. Rappelons tout de même que ce pays qui se mêle de donner des leçons partout dans le monde a un nombre de prisonniers trente fois supérieur à celui de la France (pour une population à peine quatre fois supérieure), que ses prisons sont parmi les pires de la planète mais sources de profits juteux pour la « libre entreprise » (bravo les patrons!), que les peines de mort et à perpétuité sont légion, que le "25 janvier 1993, les neuf juges de la Cour suprême des Étas-Unis concluaient dans l'arrêt Herrera contre Collins que de nouvelles preuves d'innocence ne donnent pas un droit constitutionnel à un réexamen du dossier. En clair, la loi autorise l'exécution d'un innocent", comme le rapporte Marie-Agnès Combesque, dans sa postface au livre de Mumia, intitulée L'hyperviolence des prisons d'Amérique. Que, comme Mumia le souligne, "le système a récupéré les principaux thèmes non-violents de Martin Luther King afin de protéger ses propres intérêts. Imaginez la plus violente nation de la Terre, héritière du génocide des Amérindiens et des Africains, la seule nation qui a largué des bombes atomiques sur des populations civiles, le plus grand marchand d'armes du monde, le pays qui a arrosé au napalm dix millions de Vietnamiens (afin de les « sauver » du communisme), le roi de l'enfermement, – imaginez donc ce pays qui brandit le cadavre de King en appelant à la non-violence !"

J'ai à plusieurs reprises signé des pétitions en faveur de la révision du procès de Mumia. Mais je n'avais encore jamais lu un de ses livres. Il y dénonce bien évidemment la prison, "agression de chaque seconde contre l'âme, une dégradation quotidienne de la personnalité, un couvercle d'acier et de brique qui opprime et dilate la durée", mais surtout la situation encore extrêmement raciste faite aux noirs. Et de ce point de vue, on peut aussi y lire en filigrane ce qui nous attend ici, si nous ne parvenons pas à régler promptement le problème de nos propres ghettos. La violence de l'ordre établi se trouvera confrontée à une violence souterraine activée par la prison. Car il faut répéter encore que cette dernière, au lieu de réformer et de restaurer les individus, les pervertit impitoyablement. Il n'y a pas de lieu où la loi est plus bafouée, où seul le droit du plus fort règne. Et c'est bien là que se tissent les draps de lit du terrorisme, un nombre croissant (sans jeu de mots) de jeunes s'y convertissent à l'Islam et croient trouver ainsi une solution à leurs problèmes. Non, la prison ne règle rien !

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