L'étrange disparition de R.L. Stevenson
de Juan Marsé

critiqué par Tistou, le 4 décembre 2013
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Genre Marcel Aymé veine fantastique
« L’étrange disparition de R.L. Stevenson » serait une nouvelle parue initialement dans un recueil collectif consacré à Robert Louis Stevenson ; « Contes de l’île au trésor ».
ll y a un peu de l’esprit du « Passe-murailles », par exemple, de Marcel Aymé. Cette veine un peu fantastique et qui par ce biais permet de dénoncer tranquillement un paquet de choses. Une sorte de fable, au final …
Que nous dénonce donc ici Juan Marsé ? Un sujet qui me tient à cœur en l’occurrence : l’omniprésence et la toute-puissance des médias, et en particulier de la télévision, dans la « fabrication de l’opinion ». Ou dit autrement ; comment exister en tant qu’écrivain lorsqu’on ne passe pas à la télévision ?
R.L. Stevenson, écrivain reconnu - mais peut-être pas celui auquel vous pensez ! - a horreur de la télévision et des interviews. Il se fait rare sur les plateaux. Disons carrément qu’il les fuit jusqu’au jour où, participant effectivement à une émission de littérature (à la télévision !!!), il s’aperçoit en regardant l’enregistrement que sa personne physique semble plutôt floue.
Bizarre non ? Oui, c’est bizarre et la suite aussi et j’avoue être resté dubitatif sur la manière d’exploiter cette parabole. La démarche me plait. Les voies employées m’ont laissé songeur ?

« Il était une fois un romancier qui pendant trente ans avait témérairement refusé toute interview à la télévision. Aujourd’hui, cinq ans après les faits relatés ici, d’aucuns pensent que R.L.S. ne fut lui-même qu’une fiction, puisque seules subsistent de son passage ici-bas les initiales de son nom.
…/…
Le 18 Juillet 1989, il se laissa convaincre et accepta une brève interview pour une émission culturelle qui passait tard dans la nuit, sur la deuxième chaîne. Il s’y résolut par courtoisie envers un ami écrivain et y mit trois conditions ; l’interview serait diffusée en direct, on ne lui poserait aucune question sur son œuvre ni sur sa vie et derrière lui, sur le plateau, on accrocherait une grande photo de Mr Hyde en train d’étrangler Ivy la pute. »