Calligraphie des rêves
de Juan Marsé

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 1 décembre 2013
(Montréal - 54 ans)


La note:  étoiles
Morceaux de vie
Le livre de Marsé n’est pas un roman ni un recueil de nouvelles. Il s’agit d’un amalgame de chroniques et de pensées fortement inspirées par la vie réelle de l’auteur. De l’enfance à la vie adulte, Marsé présente les portraits de figures qui ont façonnés sa personnalité dans un quartier populaire de Barcelone. L’essentiel est consacré à l’étude de personnages, lui-même en premier puis les autres, avec un talent sans équivoque d’observation, « Quant à sa mère, lorsqu’elle l’entend raconter cet épisode, elle sourit légèrement en se cachant le visage, mais il perçoit son léger dodelinement de plaisir, comme si elle écoutait une musique lointaine et agréable. »

L’humour et le dramatique se croise avec une agréable fluidité. De même, les réflexions philosophiques sont amenées avec beaucoup de justesse, notamment lorsque le narrateur perd un doigt dans une lamineuse, « Le destin aurait-il pu se manifester d’une autre façon, moins cruelle et moins douloureuse ? Il l’aurait pu, se dit-il, mais c’était peut-être mieux ainsi, d’un coup et par surprise. »

J’aurais aimé que le livre baigne dans le Barcelone d’après-guerre afin de m’en imprégner. Mais, il s’agit surtout d’un récit initiatique, un livre centré sur l’expérience de grandir. La prose de Marsé est élégante et précise. À elle seule, cette écriture charme le lecteur. Malheureusement, l’absence d’une trame romanesque ne permet pas de la mettre vraiment en valeur.