La matrone des sleepinges
de San-Antonio

critiqué par Kalie, le 1 décembre 2013
(Sarthe - 54 ans)


La note:  étoiles
Une épopée ferroviaire San-Antonionesque
J’adore le style d’écriture de Frédéric Dard (et également celui de son fils, Patrice). Peut-être même plus que les aventures de San-Antonio elles-mêmes. Le vocabulaire argotique, les jeux de mots, les digressions irrévérencieuses de l’auteur m’enchantent au plus au point.

Justement, ce roman est particulièrement gratiné. L’auteur est ici au top de sa forme. Il interpelle fréquemment le lecteur sur tout et n’importe quoi, par exemple sur l’existence de Dieu (sa version est très personnelle...) ou sur la frigidité de certaines femmes en les comparant à... Ces confidences à tendance philosophique sont à mourir de rire et non dénuées d’un fond de vérité. Comme toujours, on retrouve le langage basé sur les calembours et les inventions orthographiques osés des principaux protagonistes (« les bandes des six nez », « l’con, la broute et l’trou rond », « les œufs bredouillés au balcon », « en l’eau cul rance », « deux coups de cul hier à Pau », « la raie au porc », « ça paraîtrait suce-pet », « Je panse, donc j’essuie comme disait un palefrenier que j’ai beaucoup aimé », « sans la moindre difficultance » etc.). Il y en a comme ça à toutes les pages. Que du bonheur ! Sans parler des quelques notes de bas de page du genre : « Les chleuhs décaféinés : c’est ainsi que j’ai baptisé les Autrichiens, gens qui parlent l’allemand en étant plus « gentils » que les Allemands, mais qui nous ont tout de même pondu Hitler… ».

San-Antonio et Bérurier se trouvent embarqués dans un voyage mouvementé à bord de l’Orient-Express. Leur mission ? : protéger une baronne menacée de mort. Bérurier quitte précocement la scène. Mais San-Antonio trouve un nouveau coéquipier en la personne de Jérémie Blanc (qui est noir). Les petites passes d'armes entre les deux policiers valent leur pesant de cacahuètes. D'autant que Jérémie regrette d'avoir défoncé le crâne d'un méchant avec une pioche. Depuis, il désapprouve ouvertement les méthodes de San-Antonio. Les réflexions grivoises et les passages sexuels gentiment vulgaires dans le pur style de l'auteur agrémentent l'aventure à travers l’Autriche, la Hongrie, la Slovaquie et la Roumanie. Ainsi, sur le Danube, un capitaine de bateau prend la relève d’un coït en cours entre notre directeur de la police française et sa dernière conquête ! Ou encore, Bérurier en pleine action à la faveur des secousses du train, envoie malencontreusement sa semence en direction d’un homme d’église ! Sous la plume de Frédéric Dard, le scabreux et le gênant deviennent comiques. Sur le sol hongrois ça défouraille et canarde à tout-va. Les cadavres s’amoncellent dans la bonne humeur. Le mystère s’épaissit. Au final, pour un coup de théâtre, c’est un coup de théâtre ! L’un des plus beaux de la carrière de San-Antonio. Surprise garantie, même pour les habitués !

Bref, il s’agit là d’un San-Antonio du meilleur cru.
Sana : pas très sain ! 3 étoiles

J’en étais resté à « l’Histoire de France » et n’avais que très rarement été piocher dans les Sana ! J’avais raison et ce numéro 155 -puisque l’éditeur passe son temps à les numéroter- sera certainement le dernier.
Si la mise en place du roman et le final sont assez intéressants, le bouquin en lui-même est vraiment imbuvable. Aligner « merde », "cul", « con », « bite », « chier », … à toutes les pages en les agrémentant de jeux de mots soi-disant alambiqués dont 2 pour mille sont vraiment amusants, c’est une chose ! Mais, les relents racistes, homophobes, sexistes du personnage principal (le comme Hissaire Sanatonio), les scènes de torture, de tuerie ou de pornographie, non merci ! On peut être amateur de ce genre de bouc mais, je ne le recommanderai certainement pas autour de moi.

Ardeo - Flémalle - 76 ans - 28 janvier 2014