Noir : Histoire d'une couleur
de Michel Pastoureau

critiqué par Veneziano, le 29 février 2020
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Ténèbres et humilité
La considération du noir comme couleur, comme l'appétence générale pour cette teinte, ont changé pendant les époques. Il est toutefois resté comme constante qu'il a toujours été chargé de lourdes charges symboliques. Sous l'Antiquité, il a incarné la couleur des travailleurs de la terre, les laboratores, et a constitué le triptyque des trois seules couleurs considérées comme telles, avec le rouge, de ceux qui combattent, et le blanc, de ceux qui prient.
Au Moyen Age, deux dominantes mystiques lui ont donné une grande importance, la référence au monde satanique et la référence d'humilité. Faisant éminemment peur, notamment de la part des animaux sombres, cette teinte est restée très importante à cette époque.
A la Renaissance et aux Temps modernes, il est tombé de son piédestal au profit d'un plus grand nombre de couleurs, les travaux de Newton l'ayant banalisé, voire relégué assez longtemps comme non-couleur. L'art l'utilise, mais de manière moindre, puis son usage connaît des hauts et des bas. Il a longtemps été plus ou moins interdit au contact direct de la peau et sur les jeunes enfants.

Cet opus représente peut-être le plus polémique ou chargé de sentiments ambivalents, au sein de cette série d'études consacrée aux couleurs, tant le noir véhicule de fantasmes et représentations fortes. Le ton de l'auteur reste enjoué, les passions versées sur le sujet le transportant encore davantage.
Ce livre s'avère donc intéressant, mais ne constitue pas celui qui m'a le plus séduit, du fait des représentations qu'il porte et des domaines inévitablement évoqués. En tout état de cause, il contribue utilement à la réflexion.