Aubusson, la ville déchirée
de Georges Nigremont

critiqué par JulesRomans, le 3 décembre 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Un ouvrage qui creuse l'appétit de lire
Georges Nigremont a presque toujours contextualisé ses romans historiques en ce qui devient en 1798 la Creuse et fut avant la province de la Marche. Ceux-ci se déroulent dans un temps qui démarre dans le temps à la fin du monde médiéval avec pour les jeunes "Zizim, le prisonnier de la Tour"; Zizim est un prince turc en exil, emprisonné au château de Bourganeuf entre 1486 et 1488. On va jusque, pour un lectorat adulte, à la fin des Années folles où une jeune Parisienne vit une intégration dans le village creusois où est né son mari dans "La bru".

Dans "Aubusson, la ville déchirée", le récit nous rappelle que si dans le Poitou voisin le calvinisme s'implanta en milieu rural grâce à la conversion de plusieurs seigneurs, à Aubusson le protestantisme important (quoique minoritaire) fut le fait principalement des artisans et en particulier des tapissiers.

L'action de l'ouvrage "Aubusson, la ville déchirée" se déroule en 1685, année où l'édit de Nantes est révoqué et se traduit par la destruction des temples jusqu'alors existants. L'Histoire, par de récentes recherches, nous apprend qu'à Aubusson ce lieu de culte avait déjà été fermé puis détruit avant que le contenu de l'édit de Fontainebleau n'arrive dans la cité en question.

Georges Nigremont montre comment son héros Louis Vernède vit les persécutions et les solidarités qui découlent de ce geste de Louis XIV. La fuite vers l'étranger est organisée, l'épilogue nous apprend que l'étape finale fut un petit village de Prusse et que vers 1810 ceux qui servirent de modèle aux personnages de fiction, n'avaient point perdu leur patois marchois, comme le découvrirent des soldats de Napoléon, originaires de la Creuse. L'auteure, ancienne inspectrice des écoles maternelles, offre à un lectorat de collégiens un fort intéressant roman historique, qui gagnerait à être réédité non seulement pour les jeunes habitant le Limousin mais aussi pour tous ceux qui étudient Louis XIV avec leur professeur d'histoire. Voici un ouvrage qui gagnerait à être réédité par un autre que la Farandole, éditeur aujourd'hui disparu.