Bel-Air de Lionel Salaün

Bel-Air de Lionel Salaün

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Alma, le 27 novembre 2013 (Inscrite le 22 novembre 2006, - ans)
La note : 8 étoiles
Visites : 1 607 

Le café de la jeunesse perdue

Le Bel-Air , c’est à la fois le nom d’un café et de la cité ouvrière dont il a toujours été « le cœur palpitant », le reflet de ses moments heureux et de ses malheurs et qui vit ses derniers moments, tout le quartier devant être démoli , urbanisation oblige .

C’est là que , dans le premier chapitre , Franck, le narrateur, la cinquantaine fatiguée, revient, pour un dernier verre avec Gérard , le patron du bar, celui qui fut pendant son enfance son meilleur ami , pour lui poser la question qui l’a taraudé pendant 15 ans passés « à l’ombre » : « Quelqu’un m’a donné Gérard . Et tu étais le seul à savoir …… »
S’ensuit alors un long flashback sur sa jeunesse de gosse de la cité, sur sa bande de copains, comme lui fils de prolétaires . Nous sommes dans les années 50, celles de la guerre d’Indochine, puis de la guerre d’Algérie. En période de décolonisation, les discussions sur l’attachement aux valeurs de la France et les propos racistes vont bon train autour du zinc….

Lionel Salaün revisite ici une époque révolue, par une immersion dans la vie de cette cité qui « avait toujours constitué une verrue indigne du renom de la sous-préfecture », « aujourd’hui véritable nid de chômeurs et de déclassés ». Elle n’est plus pour Franck, au moment où commence le récit « qu’une vaste sépulture à ciel ouvert, la fosse commune de ma mémoire au fond de laquelle, le coeur nu et sans outil, je décidais de plonger »

L’auteur a su capter l’air de ce temps, puisant dans la mémoire ouvrière des gens de peu, se faisant le chroniqueur de la vie modeste de cette communauté « une société en vase clos où l’ordinaire de chacun est la pâture de tous « . Il semble en empathie avec ses personnages , présentés avec une forme de tendresse , malgré leurs faiblesses .

Si le roman est bien un roman de formation qui retrace le parcours professionnel et amoureux du narrateur et de ses copains et brosse le portrait d’une génération, c’est aussi , comme le suggère le titre , le roman d’un café. Mémoire de la cité, il est le centre de toute l’action, un personnage à part entière dont on suit les transformations au fil des ans.
Je garderai surtout de cet ouvrage le souvenir d’un roman d’atmosphère au ton juste, rappelant un peu celle des photos de Doisneau .

Un roman classique par son contenu et son écriture, au charme un peu suranné , une agréable découverte .

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Forums: Bel-Air

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Bel-Air".