Boule de feu. Comprendre les grands brûlés
de Martine Couderc

critiqué par Bluewitch, le 15 juin 2003
(Charleroi - 45 ans)


La note:  étoiles
Un témoignage accessible à tous
Martine Couderc a relevé le défi de briser la barrière de méconnaissance et d'appréhension bâtie autour des personnes gravement brûlées.
Destiné aux victimes, aux soignants, à l’entourage ou même à tout individu amené à tenter de comprendre le vécu d'un grand brûlé, ce livre habilement construit lève le voile et instruit sans installer la moindre froideur scientifique.
L'auteur place le cheminement physique et moral au premier plan. Edith, jeune femme à qui tout sourit, est victime d’un accident de voiture d'apparence sans gravité. Mais à peine la conscience de son intégrité physique lui apparaît-elle qu'elle se retrouve envahie par la « boule de feu », destructrice, ravageuse et insupportable. Et la vie ne sera plus jamais la même. Hôpitaux, solitude, déni, besoins, courage, souffrance, rééducation,. c’est de tout cela qu’elle construira sa nouvelle existence car être un brûlé signifie qu’il n'y a pas de mot « fin », si ce n'est notre disparition à tous.
Partant de ce vécu si sensiblement exprimé, Martine Couderc consacrera le reste de son livre à trois éléments d’importance :
Le témoignage d’autres victimes de brûlures, car aucun cas n'est semblable à un autre et parce qu’il faut apprendre à ne pas universaliser ce drame.
Le suivi chirurgical (greffes de peau), médical (gestion de la douleur) et paramédical (kinésithérapie pour éviter les rétractions cutanées et un dysfonctionnement des articulations, ergothérapie pour un réapprentissage des activités de la vie quotidienne). L’accompagnement, le suivi psychologique. Car être un grand brûlé, c'est être quelqu'un d’autre. Avec son bagage de souffrance, de découragement, de solitude et d'incompréhension. Que chaque soignant apprenne à ne pas se réfugier derrière ses actes techniques pour éviter d’approcher de trop près le malheur de l'autre.
Bref, un livre éprouvant mais qui apporte une leçon à nos petits bobos quotidiens. Soigner des personnes brûlées n'est pas facile, même lorsque la phase « critique » (coma provoqué, intubation, prises de greffes,.) est passée, car il y a tout ce retour à la vie sociale qui ne se fait pas toujours sans mal.
Mais heureusement que de tels témoignages leur donnent la parole. A nous d’en tirer le meilleur.