Tout à coup, le silence
de Thierry Bizot

critiqué par Catinus, le 19 novembre 2013
(Liège - 72 ans)


La note:  étoiles
Un peu plus de 4 étoiles et demi sur cinq
Paris, douze heures quarante-sept. Patricia sort de chez son gynécologue. Dans la rue, partout, le temps s’est arrêté : les voitures sont figées, les êtres humains sont immobilisés dans leurs dernières poses. Tout ce qui bouge est à l’arrêt : les voitures, les bus, les gens, l’eau ne coule plus, les montres n’avancent plus etc… Et toutes les bactéries sont endormies : les pains restent chauds, les légumes toujours frais, etc… Partout des momies « vivantes «. Patricia explore Paris qui est partout, inerte. Et ce silence, absolu.
Patricia ira voir ses parents, retrouvera Henry son fiancé, immobile, au volant de sa voiture. Elle lavera et habillera des vagabonds, nettoiera des rues entières, .... Il lui arrivera des nombreuses aventures magnifiquement décrites dans ce livre savoureux ( dont avec Claire et un bébé). Et puis vous connaîtrez quelques-uns de ses jardins secrets … Ce roman est truffé d’extraits de poèmes dont vous en trouverez facilement l’utilisation.
Livre remarquable donc pour au moins deux raisons : 1. C’est une réelle prouesse, pour un homme, de se mettre à ce point dans la peau d’une jeune femme. 2. Cette histoire pourrait être le sujet d’une nouvelle de 30 , 50 pages maximum et Thierry Bizot en fait un roman de 260 pages délicieuses jusqu’à la fin.
Je mettrais bien un peu plus de 4 étoiles et demi sur cinq !


Extraits :

- Toutes les Patricia que j’ai connues avaient un brin de délure, un truc de traviole qui les rendaient sympathiques. Je suis fière de mon prénom : il me semble digne d’un personnage de film. Dans mon esprit, on ne peut pas s’appeler Patricia sans être un peu exceptionnelle.

- Les hommes se moquent de la paternité jusqu’au jour où ils font une dépression.

- Plus tard, je deviens une fille « facile «. Les garçons n’ont pas peur de m’aborder et j’en dépucelle plus d’un. Tandis qu’ils râlent trop vite dans mes bras, je pense à ma mère, qui me croit pure, et tout en regardant le plafond, je souris.

- Elle ne me pose pas de questions gênantes, comme si elle connaissait la géographie de ma pudeur.

- Un monde sans les hommes, sans leur violence, leur vanité, leur odeur, leurs pressants besoins. Un monde de douceur, d’entraide, de parole échangée, de compassion.