Les Blagues de Toto, Tome 10 : L'Histoire drôle
de Thierry Coppée (Scénario et dessin), Lorien (Couleurs)

critiqué par JulesRomans, le 19 novembre 2013
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
On peut rire de tout et surtout avec ceux que l'on n'attendait pas
Voilà un album qui invite à visiter l'histoire de France essentiellement, dans l'ordre chronologique, à travers essentiellement la phobie du jeune héros Toto pour l'école et son désir d'imiter son père. Si pour la page 24 consacrée à l'école sous la Belle Époque le gag, la mise en scène des actions et le décor sont génialement bien agencés, le reste est très inégal au niveau des gags.

D'une manière générale, l'ambiance d'une époque qu'elle soit le fruit d'une réalité historique (comme pour la première guerre mondiale) ou de l'imaginaire commun sur la période (Charlemagne et les écoles) est toujours bien rendue par le dessin.

Trois éléments vont choquer les adultes dans la page renvoyant par son aspect massif à la rafle du Vel' d'hiv' des juifs, tout d'abord qu'on ne précise pas que ce les familles sont israélites, que ce soit la Wehrmacht et non les policiers français qui soient là et qu'enfin au mépris de la connaissance que depuis 1940 les juifs ne peuvent plus être fonctionnaires, que Toto le jeune héros recueille le fils israélite de la directrice de son école (et comble de mauvais goût que Toto l'ait fait pour avoir des bonnes notes en mathématiques).

Le comique vise un lectorat de huit-neuf ans qui, à de rares exceptions près, n'a pas le bagage culturel pour saisir les faits historiques auxquels il est fait allusion. Au lieu de mettre des titres pour se faire plaisir comme "Vision impériale", "Rires et châtiments" ou "Le chemin de la dame" pour la Première Guerre mondiale, l'auteur aurait mieux fait de donner des repères historiques dont il serait resté d'ailleurs quelque chose).

Le comique de l'album aurait été loin d'y perdre, car les enfants de cet âge ne décryptent quasiment aucun titre. Il y aurait gagné car les jeunes auraient été informés que la page d'histoire concernait tel personnage ou tel événement, ce qui les aurait aidé à rentrer dans la compréhension du gag. Un titre comme "En guerre continuelle avec Napoléon Ier, la France est envahie en 1814" permet de saisir pourquoi le jeune Toto invite l'Empereur à faire tirer au canon sur son école comme "Entre 1940 et 1944, les Français ne trouvent pas grand chose dans les magasins" remplacerait avantageusement "À la queue, l'noeud-noeud" afin de saisir pourquoi les gens attendent en ligne devant le magasin.

En fait cette BD convient très bien à un lectorat adulte qui entre tout de suite dans le comique des situations. On signalera que cette série n'est pas dans la veine scatologique qui fit et fait encore que les blagues de Toto appartiennent à un secteur très particulier du folklore enfantin.