Le Rire des tranchées
de Matthieu Frachon

critiqué par JulesRomans, le 16 novembre 2013
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
Tranches de rire autour des tranchées et de l'arrière
Il s’agit non seulement de voir comment on fit rire autour de la guerre et de ses conséquences entre 1914 et 1918 les lecteurs non seulement dans le journal "Le Rire" devenu à l’automne 1914 "Le Rire rouge" mais dans la presse de langue française, anglaise et allemande. Pour la presse de langue française, un nombre non négligeable de caricatures sont tirées de la "Gazette des Ardennes" qui était le journal financé par l’armée allemande en direction des populations des territoires français occupés. En plus des dessins humoristiques venus des journaux, on a aussi des illustrations de cartes postales.

L’ouvrage ouvre avec la première page du "Rire rouge" du 24 juin 1916 avec un dessin de Léandre où deux poilus viennent de capturer Germania caricaturée en Minotaure. Le nombre de dessinateurs de presse français connus est très impressionnant, on trouve aussi Métivet, B. Hatt, Ray Ordner, Iribe, Wilette, Manfredini, Forain, Poulbot … Les dessins tirés de la presse étrangère se voient attribués un titre de journal et souvent un nom de dessinateur.

On peut regretter que page 20 la signature de Maurice Watt mal lue devienne M. Onett, celle de d’Ostoya soit présentée comme d’Astava. D’autres dessins comme celui de Lortac page 117 signé n’est pas identifié, de même page 126 Jules Dépaquit échappe à une identification. Je m’arrête là car cela dévaloriserait trop un livre intéressant. Signalons quand même à l’auteur que depuis 1996 on dispose d’un ouvrage de références de Solo sur les dessinateurs de presse français de Daumier à nos jours (il y a eu une nouvelle édition remodelée depuis).

Parmi les dessins renvoyant à un fait très précis, on est marqué par un dessin de Louis Raemaekers (Néerlandais, il vient alors d’arriver à Londres) sur l’exécution d’Edith Cavell et page 100 sous le crayon de Léandre une caricature du pape présenté comme couvrant les atrocités allemandes après sa proposition de paix de 1917.

Les chapitres traitent d’un thème précis, en voici certains : l’enfance, la représentation des tranchées, les traits caractéristiques de soldat d’une nationalité précise, la censure et les deux journaux qui essaient de la contourner le plus systématiquement à savoir "Le Canard enchaîné" et "Le Crapouillot".