Deux vies valent mieux qu'une de Jean-Marc Roberts

Deux vies valent mieux qu'une de Jean-Marc Roberts

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Divers

Critiqué par Paofaia, le 7 novembre 2013 (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans)
La note : 7 étoiles
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De la désinvolture..

Quatrième de couverture:

" Nous avions tous le même âge, treize, quatorze, quinze ans. Les plus jolies filles portaient des bikinis. On les appelait due pezzi, ou "deux morceaux". C'étaient les étés des paris, des défis. Plus faciles à gagner qu'une rémission, mais tout de même."


Jean-Marc Roberts fait le récit de "deux morceaux" de sa vie: celui de sa maladie, dont il met en scène les saisons et, intimement associé à elle, le souvenir de quatre étés passés en Calabre, adolescent. Le soleil italien vient pénétrer le froid de l'hôpital, l'oncle Félix s'invite entre deux rendez-vous de médecins, les petites amoureuses calabraises, Amalia et Mariella, croisent femmes et enfants. Et Jean-Marc Roberts, qui dit préférer dans la vie les tours d'illusionnistes, réussit parfaitement celui-ci : il rend ce lointain passé terriblement vivant et nous fait croire que la gravité n'est peut-être pas là où on l'attend.


De Jean Marc Roberts, je crois que je n'avais lu que Mon père américain, qui ne m'a pas laissé grand souvenir. Le personnage lui-même, je le trouvais, de très loin, assez sympathique.

Là, que dire de ces notes dans lesquelles il fait alterner lui malade , mais ne voulant surtout pas s'attarder sur ce sujet, et lui, dans la période qui lui a laissé les souvenirs les plus heureux, ces séjours en Calabre, adolescent?

Que c'est un peu.. léger? Il serait content, c'est ce qu'il voulait. Que cela n'a pas grand intérêt? Il en était conscient..

Qu'il a pas mal d'humour, ce qui ne devait pas être si facile.

Qu'il confirme mon opinion sur Michael Haneke qui ne doit pas être facile à vivre tous les jours.. Ah, l'Amour ..

J. M. Roberts a perdu sa voix lors d'une atteinte du nerf récurrent lors de son opération, il raconte:

A quelques heures d'un repas mémorable avec Michael Haneke, l'Autrichien ne s'intéressait qu'à la sélection cannoise, au choix de l'éventuel président et à une future Palme d'or, Paul Blinde ( son orthophoniste) fit une entorse à sa méthode et me conseilla de m'abreuver de perles du Bolchoï, dix gouttes infâmes à avaler avec de l'eau qui se révélèrent totalement inefficaces. Comment oublier l'irritation du réalisateur me lançant entre la sole meunière et le soufflé au chocolat: "Je ne comprends rien à ce que vous dites, vous êtes épuisant, mon petit vieux. " Je l'étais.

Et qu'il est redoutablement honnête.. C'est très rare que quelqu'un parle du sentiment d'imposture qu'il ressent plus ou moins à juste titre:

Fraudeur. Le mot excessif sonne finalement assez juste. Je constate ainsi que mon salaire m'est versé chaque mois, intact. On m'affirme que j'ai cotisé trente-huit années de ma vie pour être protégé un jour en cas de malheur.
Suis-je bien sûr de vivre un malheur? Ne revient-on pas au sable dans les chaussures et à son petit inconvénient? Restons humbles en adoptant ces termes d'empêchement. D'autres évoqueront un malheur si cela n'a pas fonctionné et si je rejoins trop tôt de vraies victimes, Robin Gibb, Donna Summer, Brigitte Engerer, l'emblématique Muriel Cerf. Nous n'en sommes pas là.


... J'ai si peur des gens, la même sale trouille qu'à vingt ans. Eternellement peur d'être découvert et démasqué tel l'acteur Jean Rochefort dans Tandem de Patrice Leconte. Il incarnait un Mortez vieillissant, animateur d'une sorte de jeu des 1000 francs, sillonnant la France. Un jour, dans une ville de l'Est où il s'attardait, un dîner lui était dédié chez des notables. Il ignorait bien sûr qu'il serait soumis à la question dès le premier plat. Prénom du grand amour de Lamiel. Dix secondes pour répondre. Et bien, Jean ne savait pas comme je n'aurais rien su moi-même.

Je dois mieux connaître le cinéma ou la variété française de 1960 à 90 que la littérature du XIXè. Aurais-je du réviser? M'en tiendra-t-on rigueur? Vont-ils me renvoyer pour ça?
Si c'était le cas, il me faudrait trouver une nouvelle parade afin que l'on ne me transforme surtout pas en bouc émissaire. J'y parviendrai, j'ai toujours développé un faible pour les coupables. Si nécessaire, je séduirai celui ou celle qui exigera ma tête.


D'un peu plus près, je le trouve toujours sympathique..

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