Saint-Simon ou L'encre de la subversion
de Cécile Guilbert

critiqué par Béatrice, le 3 juin 2003
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Un titre accrocheur qui tient ses promesses
Cet essai révèle les ambivalences des Mémoires. Voici quelques repères.
Saint-Simon a réalisé une fresque impressionnante de la cour de Louis XIV. Cependant, par le contenu subversif et par la vocation posthume de son oeuvre, le mémorialiste se positionne en dissident de Versailles. Il aime suivre ce qui s'y passe, il se passionne pour les méandres du protocole et les cérémonies ; mais en même temps il déteste la cour et nombre de ses acteurs. Il se nourrit de son plaisir de voyeur ; ses Mémoires lui sont un exutoire.
Le duc agace par son mépris pour tout ce qui n’est pas noble. Il est attaché au passé. Il est un « impénitent réactionnaire ». Néanmoins l’auteur Cécile Guilbert cite Yves Coirault qui relativise : « la cause de Saint-Simon politique est depuis trop longtemps perdue pour qu'on juge son système autrement qu’en termes d’esthétique ».
Sur l'écart entre l'intention historique et le résultat littéraire, l'essayiste remarque : « Légèreté, imprécision, impartialité ; ces vices rédhibitoires de l’historien sont tournés en vertus triomphantes chez l'écrivain ».
Et puis la question : appartient-il par son œuvre au XVIIe siècle ou au XVIIIe ? L’essayiste le place au XVIIIe, mais ses arguments ne m’ont pas convaincu.
Pour finir, Cécile Guilbert consacre quelques pages inspirées aux échos des Mémoires dans La Recherche de Proust.