Les cloches de la Libération
de Fabian Grégoire

critiqué par JulesRomans, le 7 novembre 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Tiens voilà les cloches, voilà les cloches, voilà les cloches, Pour les Alsaciens, les Ch'tis, les Belges et les Lorrains,Y'en a plus, Des tireurs non plus !
Le récit est habilement mené, il s'agit pour deux enfants d'aider à récupérer la cloche de leur village (et par la même occasion celles de communes voisines) destinée à partir dans les usines allemandes afin d'y être fondues pour entre autre possibilité être transformées en canon sur le front russe ou dans la zone continentale conquise par les Anglos-américains. L'action se déroule au début de l'été 1944.

Une fiction avec une action en Belgique est-elle jugée moins vendable qu'une action censée se penser dans l'hexagone ? En tout cas ne pas signaler dans le récit du texte littéraire la situation géographique, c'est laisser croire au jeune lecteur français que les faits évoqués auraient pu se dérouler dans son pays alors que c'est quasiment impossible (sauf le cas particulier des deux départements de la région du Nord).

Les paysages de canaux relèvent de la Belgique occidentale, et ils auraient pu convenir pour le Nord et le Pas-de-Calais. Sur les images il est écrit "belge" sur les cloches mais quel enfant va y prêter attention. Combien vont aller chercher dans une documentation extrêmement copieuse les mots qui expliquent que dans les départements hexagonaux autre que les deux nommés et les trois de l'Alsace-Lorraine réannexée, cette réquisition ne se fait pas. Au Luxembourg, en Norvège et au Danemark non plus d'ailleurs, ajoutons-nous personnellement.

Ici la partie documentaire est très intéressante par ses textes, même s'ils sont bien longs entre autre parce qu'elle donne une page sur l'extermination des populations qui n'a aucun rapport avec le sujet. On pourrait écrire que la fiction est trop minimaliste dans ses apports contextuels et que la partie documentaire est elle par contre trop maximaliste. On apprécie toutefois que les noms et dates de naissance des artistes qui ont réalisé les affiches soient mentionnés, ce n'est pas évidement là qu'il faut sabrer mais sur les hors-sujets. L'historien apprécie que soient offertes aux jeunes en particulier une affiche en langue flamande du graphiste allemand Ottomar Anton invitant à s'engager dans les SS pour protéger la paix et celle en allemand exigeant la victoire à n'importe quel prix de René Ahrlé un autre artiste germanique.  

Le graphisme, où les couleurs des uniformes alliés ou allemands se retrouvent dans les décors, fait plus dans les silhouettes expressives que dans le réalisme pour les personnages.