1914-1918 Français et Allemands dans les tranchées Les plus grands romans
de Gabriel Chevalier , Roland Dorgelès, Ernst Jünger, Erich Maria Remarque

critiqué par JulesRomans, le 3 novembre 2013
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
Quatre ans de misères, de peurs et de gloire
Trois ouvrages sur cinq parlent à tout le monde même si on ne les a pas lus. Le grand mérite de cet ouvrage est d’avoir réuni les romans qui, écrits après-guerre par d’anciens combattants , portent témoignage pour les générations suivantes.

"Les croix de bois" sort en 1919, il présente une succession de chapitres qui ne semblent vraiment liés que par l’esprit de camaraderie qui s’en dégage. Il rate le prix Goncourt d’une voix au profit d’une œuvre de Proust, le peuple français veut alors regarder ailleurs. Les deux titres de Gabriel Chevalier "La peur" et "Le Crapouillot" sont bien moins connus que "Clochemerle" également de sa plume. Vaux-en-Beaujolais se revendique comme le village de Clochemerle et l’auteur y possède son musée depuis 2006.

Paru en 1931, le livre " La Peur " a été retiré de la vente en 1939 pour ne pas pouvoir atteindre au moral de ceux qui étaient sur la ligne Maginot. Une réflexion personnelle sur les notions de peur et d’héroïsme pointe là. Avec "Le Crapouillot" on tombe dans le registre du comique de situation, puisqu’il s’agit de se moquer du colonel V… , une bravache dont se moquent les soldats sous ses ordres et face à qui ils doivent élaborer de savantes stratégies pour échapper aux conséquences sur leur vie que pourraient avoir ses ordres.

« La troupe appliquait au colonel le surnom de Crapouillot. Il faut dire, pour les gens qui ne le sauraient pas, que le crapouillot, très en honneur à l’époque des tranchées, est un engin de guerre particulièrement nocif, détestable au centre d’une réunion humaine ». (page 1014)

"À l’ouest rien de nouveau" n’attendit pas 1939 pour se voir interdit, il faut dire qu’il fit partie du premier groupe de livres à subir un autodafé nazi. Paul Bäumer est un jeune Allemand de 19 ans qui s’est engagé suite à la pression de son professeur et la brutalité de la vie au front met en branle toutes ses certitudes et ses projections vers l’avenir. Par contre l’auteur n’a rejoint le front qu’en 1916 comme appelé.

"Orages d’acier" a été écrit par un auteur Ernst Jünger qui s’était battu très temporairement au Maroc avec les Français comme légionnaire. Son père le tirera quelques semaines plus tard de Sidi-bel-Abbès, il était mineur et avait triché sur son âge. Il est engagé volontaire au début de la guerre, mais devenu sous-officier puis même lieutenant à la fin de la guerre, il est fasciné par les émotions que suscitent les combats et le fait qu’il ait été membre de ce qu’on appellera plus tard des commandos participe largement à nourrir cette exaltation. Il décrit toutefois ici la défaite de l'armée allemande du dedans, remettant par là en cause le mythe du coup de poignard dans le dos.

On peut regretter qu’à côté de ces quatre mousquetaires, on ne trouve pas Maurice Genevoix mais "Ceux de 14" étant en soi déjà un ensemble de romans réunis sous ce titre, cela s’avérait techniquement impossible de mettre en un seul volume les cinq titres proposés et celui de Maurice Genevoix. Toutefois l’on dispose depuis peu d’une édition très intéressante de "Ceux de 14" car accompagnée de diverses informations, que l’on présente ici http://ceuxde14.wordpress.com/2013/10/….