L'amour sans le faire
de Serge Joncour

critiqué par Sundernono, le 30 octobre 2013
(Nice - 40 ans)


La note:  étoiles
Roman des origines
Après dix années de silence Franck décide soudainement de téléphoner un soir à ses parents et quelle n'est pas sa surprise lorsqu'à l'autre bout du fil se fait entendre la voix d'un petit garçon répondant curieusement au même prénom que son défunt frère : Alexandre.
Franck décide alors de retourner sur ses terres, cette ferme qui l'a vu naître, grandir et fuir pour la capitale poussé par son amour de filmer la vie à travers une caméra, sorte de refuge pour cet homme timide, laconique, plus spectateur qu'acteur.
Ce départ sera l'occasion pour lui d'y faire deux rencontres, celle de ce bambin plein de vie, animateur d'un lieu qui n'est plus l'ombre que de lui même et de Louise sa mère.

A première vue l'Amour sans le faire semble être le récit d'une histoire d'amour. Tous les ingrédients sont là, deux êtres que tout semble rapprocher, le titre, le lieu, leur rencontre, leurs liens invisibles et pourtant ce roman est bien plus que cela. Serge Joncour nous livre notamment un roman sur les origines, sur ce passé qui nous conditionne, sur les rencontres qui façonnent le destin.
Louise et Franck sont deux personnes marquées par la vie, chacun à sa propre façon et pourtant quelque chose les réunit même si entre eux subsiste un fantôme : Alexandre, celui qui fut le frère de Franck et le mari de Louise.

L'amour sans le faire est un roman simple et touchant, écrit à la bonne distance par un auteur dont le ton simple et juste fait mouche. C'est beau tout simplement et beau non pas par la sophistication du récit ou du style mais par l'histoire en elle-même, par la pudeur des sentiments retranscrits. Je pense ainsi aux nombreux passages sur le passé, les souvenirs de ces deux être torturés, leurs sentiments : touchant tout simplement. La lecture n'en est que plus agréable et le roman se laisse traverser avec une grande facilité comme une légère brise apprivoisée.

« Ne pas pouvoir s'aimer, c'est peut être encore plus fort que de s'aimer vraiment, peut-être vaut-il mieux s'en tenir à ça, à cette très haute idée qu'on se fait de l'autre sans tout en connaître, en rester à cette passion non encore franchie, à cet amour non réalisé mais ressenti jusqu'au plus intime... »

Une bonne lecture
Un bijou de sensibilité 8 étoiles

Voilà un petit bijou de sensibilité ! L’histoire de Franck, bobo parisien qui retourne dans la ferme de ses parents après dix ans d’absence et surtout après la mort de son frère Alexandre. Au même moment, Louise débarque. Il y a aussi un enfant, celui de Louise, qui porte étrangement le même prénom que le frère disparu. Une rencontre qui fait du bien à ces deux êtres blessés par la vie et la perte d’un être proche. La nature constitue ici un refuge, un retour aux sources pour se recentrer sur soi et les choses importantes de la vie. Un peu comme dans Chien-Loup du même auteur, que j’avais beaucoup aimé. Ici, on est surtout dans le monde agricole avec des plaisirs simples, vrais et beaux, décrits avec tellement de justesse et de pudeur ! «C’étaient des hommes de la terre, il n’avait plus rien à voir avec eux, déjà ils avaient cet accent, cette voix qui porte, ces chaussures lourdes antichocs, même sous cette chaleur folle ils privilégiaient le travail au confort. Dans le fond, il leur enviait cette disposition, ce naturel, cette aptitude à s’en tenir au monde tel qu’il existe tout autour de soi, un monde délimité par des perspectives connues, ce monde ils le connaissaient par cœur, ils en savaient tous les détours, tous les pièges, toutes les subtilités de la faune de la flore et des saisons, le monde avant tout c’était le leur. »

Psychééé - - 36 ans - 1 février 2021


Affronter son destin 7 étoiles

Franck n’a plus vu ses parents depuis l’enterrement de son frère Alexandre il y a six ans. Il vient d’être quitté par sa femme et vit sa vie derrière sa caméra, sorte de paravent. Il part voir ses parents dans leur ferme, sans prévenir de son arrivée.
Louise est le veuve d’Alexandre. Après sa mort, elle n’a pas pu se remettre de sa tristesse. Elle a erré dans des bras sans amour et est tombée enceinte. Elle a confié son fils Alexandre aux parents de feu Alexandre. En attendant, elle se rend à son usine, mais n’y fait rien car il n’y a plus de travail. Elle est poursuivie et harcelée par le père de son fils qui ne comprend pas ses silences. Ses collègues ont décidé de la laisser partir pour quelques jours de vacances et elle rejoint son fils.
Quand Franck arrive chez ses parents, il est tout surpris de faire la connaissance du petit Alexandre, cinq ans, dont il ne connaissait pas l’existence. Ses parents ne l’interrogent pas, font comme si sa présence était normale. Le silence est installé entre eux, mais ce silence est comblé par le babil d’Alexandre, ses questions sans filtre, spontanées. Il est replongé dans tout ce qu’il a fui : les querelles avec les voisins, l’isolement à la campagne, le fardeau de l’héritage : cette ferme et ses travaux dont il ne veut pas. Son frère avait accepté d’aider, mais voilà ! il était mort.
C’est beau ! Une histoire qui fait du bien, faite de sensibilité retenue et de beaucoup de non-dits.
L’auteur aime les belles phrases philosophiques bien placées, mais malheureusement, elles tombent toutes à plat et aucune n’a résonné en moi.

Pascale Ew. - - 56 ans - 25 novembre 2018


une belle histoire, pleine de pudeur et de tendresse 8 étoiles

J’ai beaucoup aimé ce roman. L’écriture est simple et belle, d’une grande fluidité.
Les personnages sont attachants. L’auteur est habile pour leur donner vie et nous inciter à plonger par touche successive dans leur humanité.
Peu à peu on se prend à avoir envie d’avancer dans la lecture, d’en savoir plus sur Franck, sur Louise et ce petit garçon plein de vie qu’est Alexandre. On est touché par les timidités, les maladresses, les non-dits et on s’éveille en même temps qu’eux aux messages que cette nature leur adresse et dont incontestablement le contact est salvateur .

Papyrus - Montperreux - 64 ans - 12 septembre 2017