La garçonnière de Hélène Grémillon

La garçonnière de Hélène Grémillon

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Jaimeoupas, le 28 octobre 2013 (Saint gratien, Inscrite le 4 octobre 2010, 52 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 602ème position).
Visites : 4 464 

De l'alliance du polar et de la psychanalyse

Hélène Grémillon nous promet une histoire vraie celle de trois personnages principaux sous le régime argentin unis par la vie de Lizandra qui bascule.

Qui est Lizandra, cette jeune femme si belle et si émouvante qui a choisi la défenestration ?

Hélène Grémillon sous couvert d'un suspense policier nous livre des personnages complexes, celui de Vittorio, le mari psychanalyste enregistrant ses patients et celui d'Eva Maria, cette mère de famille perdue depuis la disparition de sa fille.

L'histoire connait de nombreux rebondissements... (peut-être un peu trop) pour arriver au dénouement final et comprendre le titre du livre.

J'ai aimé le personnage de Lizandra... mais je regrette tout de même que l'auteure ait voulu expliquer totalement son geste funeste...

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La chute

7 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 44 ans) - 3 mars 2015

L'Argentine de la fin des années quatre-vingts est meurtrie, encore baignée de doutes et de suspicions. L'ombre de la junte militaire plane et les mères de la place de Mai pleurent encore leurs enfants disparus.

C'est dans l'hiver glacé de 1987 que Lisandra fait une chute mortelle de 5 étages. Son mari Vittorio, psychanalyste, est aussitôt arrêté, faute d'un alibi suffisant. Même s'il clame son innocence, la police trouve son profil digne du coupable par défaut, malgré l'absence de réelles preuves. Et n'est pas encline aux recherches. Pour tenter de se disculper, Vittorio ne peut compter que sur l'une de ses patientes, Eva Maria. Cette dernière était fidèle à ses consultations depuis 5 ans, date de la disparition de sa fille Stella. Absente parmi les absents, Eva Maria ne va pourtant pas la pleurer comme les autres mères de la place de Mai, se contentant de sombrer dans l'alcool et négligeant son autre enfant, Esteban.

Tentative de sauvetage de son esprit en déroute, recherche de coupables au-delà du coupable, mélange des douleurs et confusion des vies, Eva Maria s'accroche désespérément aux pas de Vittorio et Lisandra. Ecoutant les entretiens que le psychanalyste enregistrait en secret, interrogeant les connaissances, les souvenirs, les lieux. Eva Maria se fond, projette, suppose, craint, espère. La douleur est comme une tâche d'huile aux multiples reflets, qui brouille la vue et le cœur.

Au son du bandonéon, dans une danse si souple et raide à la fois, imagée par le tango que dansait Lisandra, Hélène Grémillon utilise cette trame pseudo-policière pour dessiner les limites de la folie, et ce, sous plusieurs formes, même si elles se rejoignent dans l'absence d'un être aimé. Absence physique ou affective, distance réelle ou subjective, la souffrance, elle, est pourtant aussi tangible.

Initialement paru en 2013, ce roman est réédité et fabuleusement interprété dans ce livre audio aux voix multiples. Construction idéale pour brouiller les pistes, évocation sobre et sans pathétisme facile des exactions de la junte argentine, mensonges, troubles, trahisons, zones d'ombres et matériau brut du souvenir en perpétuelle reconstruction. Le titre, lui, devra attendre la toute fin du récit pour s'expliquer enfin. Un très bon mélange des genres dans cette fiction qui ne se démarque a priori pas par une prise de risque dans la thématique mais plutôt dans une habileté à faire s'imbriquer les éléments pour rendre son traitement accrocheur et suffisamment crédible.

Belle découverte ou redécouverte, donc, animée par une excellente interprétation des acteurs/lecteurs qui convaincra les plus dubitatifs.

Ne pas oublier la junte militaire en Argentine

8 étoiles

Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 82 ans) - 23 février 2014

La garçonnière ? Tout le monde s’imagine le lieu mais il faut atteindre les dernières pages du livre pour connaître la signification que l’auteur donne à ce vocable.
La garçonnière est le deuxième roman d’Hélène Grémillon ; celui-ci fait partie des six sélectionnés pour le Prix Horizon2014 de Marche-en-Famenne.
Buenos Aires en Argentine, Lysandra, défenestrée, gît sur le sol. Une chute mortelle depuis un 5ème étage. Crime ou suicide ? Vittorio Puig, le mari psy de profession, est arrêté. Eva Maria, une de ses patientes, ne croit pas en sa culpabilité. Mais tout n’est pas si simple. Le couple Vittorio et Lysandra va à vau-l’eau. Ils ont des disputes ; ils ont chacun des aventures de leur côté. C’est l’époque de l’après Videla, président à la tête d’une dictature sanglante. Le lecteur se rend mieux compte de l’horreur du quotidien à Buenos Aires : les arrestations, les tortures, les disparitions. Et, qui plus est peut-être, par la suite, l’impunité de tous ces tortionnaires.
Quant au style, bonne recherche de la variété : réflexions des personnages avec une graphie en italique, aucune ponctuation dans la chute finale, oralité dans le compte-rendu des cassettes audio, écriture classique.

Qui est l'assassin?

8 étoiles

Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 59 ans) - 11 janvier 2014

En 1987, en Argentine, le docteur Puig est accusé du meurtre de sa femme Lisandra.
Sous l'allure d'un polar, ce roman va nous faire réfléchir sur un grand nombre de sujets : la dictature, les conséquences de l'armistice avec cette proximité entre les anciens bourreaux et les victimes, le deuil des familles, le rôle des psy pendant et après la période de dictature, les conséquences de graves problèmes survenus au moment de l'enfance...
Tout cela est bien ficelé par de nombreux rebondissements permettant de garder le lecteur en haleine.
Un livre à découvrir...

L’Argentine post-dictature de la fin des années 80

8 étoiles

Critique de Sentinelle (Bruxelles, Inscrite le 6 juillet 2007, 54 ans) - 6 décembre 2013

Encore toute auréolée de son succès en librairie de la sortie poche de son précédent roman, je découvre cet auteur avec « La garçonnière », qui a pour cadre l’Argentine post-dictature de la fin des années 80. Une période très particulière dans l’histoire de ce pays dans la mesure où deux lois (la loi du Point final et la loi d’Obéissance due) ont permis l’abandon des poursuites judiciaires de toutes personnes condamnées pour crimes commis pendant de la dictature.

Faut-il oublier et amnistier ou au contraire punir et rechercher les coupables ? Peut-on vraiment se relever d’un crime impuni lorsque le coupable court toujours et que des zones d’ombre persistent ? C’est une question qui rejoint la grande et la petite histoire tant elle constitue un enjeu important dans ce roman qui sous ses allures de suspense aux multiples rebondissements est avant tout un drame passionnel. Lorsque la jalousie s’invite au cœur d’une relation amoureuse qui se délite au fur et à mesure du temps qui passe, lorsque les blessures jamais cicatrisées s’engouffrent dans nos vies. Un roman sur la solitude, la perte et le deuil de l’innocence. Les apparences sont trompeuses nous dit Hélène Grémillon et les secrets familiaux couvent toujours.


Un récit très bien mené et qui nous tient en haleine jusqu’au bout.

« Ce roman est inspiré d’une histoire vraie » nous dit la quatrième de couverture, ce qui évidemment pose question. En fait, ce n’est pas tant le fait divers dont il est question (un psychanalyste est accusé du meurtre de son épouse défenestrée) mais du fait que l’Argentine connaisse un très grand nombre de psychanalystes par habitant. La complicité des psychologues lors de la Junte n’est pas en reste et est également abordée dans le récit.

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