Le Retour de l'ours
de Catherine Lafrance

critiqué par Libris québécis, le 27 octobre 2013
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Le Nanuk à la rescousse des Inuits
Après un cataclysme, un village inuit renaît petit à petit. Cette résurrection s’avère difficile puisque la faune a fui on ne sait où à l’exception des phoques, des morses et des gélinottes. Les blancs ont aussi quitté le Grand-Nord dans leurs oiseaux de fer. Leur présence était importante pour garantir à cette population boréale les produits indispensables à leur survie.

Survie devenue précaire à cause des morses, qui menacent la réserve de poissons dont ils se nourrissent. Comme ils ont envahi les abords de la mer, les pêcheurs et les chasseurs doivent s’aventurer de plus en plus loin de la terre ferme pour combler les besoins alimentaires de leur communauté. Seul le nanuk (l’ours blanc) pourrait remédier à la situation parce que c’est un prédateur capable d’endiguer la surpopulation des pinnipèdes, qui se sont accaparés des ressources des fonds océaniques.

Le conseil de bande présidé par Amarok a cru bon d’établir une vigie afin d’avertir la population du retour de l’ours blanc. Sa réapparition assurerait un accès plus équilibré à la richesse pélagique. Aloupa, le père du chef, est mandaté pour remplir cette tâche. Mais le temps qui passe laisse des traces. Le vigile vieillit comme tout le monde. Pour l’aider dans sa mission, Amarok désigne sa propre fille Sakari. Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’elle accompagne son grand-père au promontoire, d’où elle scrute l’horizon avec lui pour signaler le moindre indice de la présence des ursidés au village.

Autour de cette trame se greffent toutes les préoccupations d’un peuple en attente de meilleurs jours. L’adversité cause des déchirements profonds qui provoquent une lutte de pouvoir à laquelle participe la jeune Sakari. Le roman traîne en filigrane la valorisation de la femme à travers cette adolescente, dont le parcours la rapproche de la gouvernance. En bout de ligne, Catherine Lafrance trace les grandes lignes d’une société en quête d’un meilleur sort. Elle prône une société inclusive qui accorderait une place importante à la femme ainsi qu’une seconde chance aux blancs, responsables de la catastrophe à laquelle ils ont acculé le monde moderne. Autrement dit, elle propose un nouveau contrat social pour sauver la collectivité d’une civilisation qui se suicide à petit feu.

L’impact de ce roman très louable sera plus déterminant auprès des adolescents. Le public adulte lui reprochera de rester à la surface des choses. C’est sans compter que le suspense n’est pas assez haletant. Il entraîne un dénouement trop prévisible et trop idyllique. Bref, c’est pas mal, mais ça manque de punch.