Elisabeth 1ère d'Angleterre. Le pouvoir et la séduction
de Michel Duchein

critiqué par Shelton, le 26 novembre 2018
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Une femme à redécouvrir...
Je viens de relire, en quelques jours quand même, la biographie de la reine Elisabeth 1ère d’Angleterre, dans sa version longue et scientifique et dans sa version bédé. Certes, très peu de différences sur le fond puisque la première est le fruit du travail de Michel Duchein et la seconde est réalisée sous le contrôle du même Michel Duchein… Il n’en demeure pas moins que ces deux ouvrages sont destinés à deux publics différents : le premier est pour les lecteurs passionnés d’histoire ou historiens, tandis que le second est pour un beaucoup plus large lectorat, on pourrait même dire pour le grand public !

Reste à savoir s’il est intéressant d’ouvrir un tel ouvrage pour un public large, français et pas spécialiste d’histoire ! Car c’est bien là l’essentiel du débat… Qui devrait lire cet ouvrage ? Je réponds, sans aucune hésitation, que tout le monde devrait lire ce livre ! Encore plus si on parle de la version bande dessinée qui ne nécessite aucune formation préalable et qui peut apporter beaucoup…

Je passe, volontairement et avec un parti pris incroyable, sur les généralités du style : c’est toujours bien de se passionner pour l’histoire de nos voisins, l’Angleterre quitte l’Europe mais reste un pays important dans notre histoire, c’est une monarchie mais ses habitudes politiques nous aident à mieux percevoir la notion de démocratie… et j’en passe et des meilleures ! Oui, c’est un peu exagéré mais je rappelle quand même que Elisabeth 1ère était très acharnée contre sa cousine Marie Stuart, qu’elle fit finalement exécuter, et que cette dernière était soutenue par les Français… Donc, si je résume les choses, Elisabeth 1ère était notre ennemie ! Non, mais…

Mais, justement, il ne faut pas s’arrêter à ces éléments-là et ce n’est pas en regardant les données géopolitiques de l’époque que l’on comprendra pourquoi il est important de connaitre cette reine anglaise… Si on regarde l’aspect religieux, on peut aussi voir qu’Elisabeth va être la réformée tandis que Marie sera la catholique… Dans les deux cas, soyons honnêtes, la foi religieuse n’est pas la caractéristique principale de ces reines et l’appartenance à une religion plutôt qu’une autre relève plus de l’alliance avec les uns ou les autres… Les Espagnols – comprendre les catholiques – enverront même une soi-disant invincible Armada pour faire tomber la reine protestante… mais la tempête en aura raison…

Il faut donc oublier tout cela pour comprendre ce que cette femme, Elisabeth, peut nous dire sur nous, nos vies, notre époque… En fait deux choses sont pour moi à retenir pour faire très simple… D’une part, le siècle d’Elisabeth va rester important dans la vie européenne. Elle a donné son nom à son époque, le siècle élisabéthain. Ce fut un siècle prospère et riche en lettres… C’est le siècle de William Shakespeare et du théâtre classique anglais… Mais aux côtés des auteurs, on trouve aussi le navigateur Francis Drake, le poète et explorateur Walter Raleigh… Ce fut donc le grand siècle culturel de l’Angleterre, un peu comme le dix-septième siècle de Louis XIV en France…

Mais la personnalité de la reine est aussi à observer de très près… Une femme qui refuse de se marier pour laisser un homme régner à sa place… Une femme qui veut rester libre, libre de ses choix, de sa vie, de son corps… Une femme mystérieuse dont on n’arrive pas à savoir, plusieurs siècles après, si elle était débauchée, vierge, abstinente, amoureuse en secret… Oui, libre et secrète, voilà ce que fut Elisabeth qui refusa toujours que l’on décide pour elle… Femme, mais pas faible femme… Femme égale de l’homme, qui femme qui décide et assume ses choix… Peut-être bien un modèle pour aujourd’hui… Qui sait…

La bande dessinée est très bien construite avec un scénario de Vincent Delmas, un story-board de Regnault, le dessin d’Andrea Meloni et l’aide de Giulia Priori pour les couleurs avec Arancia Studio… Le tout est agréable à lire, instructif et montre que l’on peut raconter l’histoire sans lasser le lecteur… Quant à la biographie de Michel Duchein, elle est très solide, passionnante mais peut parfois noyer le néophyte dans trop d’informations et de détails… Mais après avoir lu la bande dessinée, elle permet de revenir sur certains aspects avec bonheur… presque jubilation !

Donc, très bonne lecture à tous et très vite !