Histoire des larmes : Un témoignage
de Alan Pauls

critiqué par Paofaia, le 22 octobre 2013
(Moorea - - ans)


La note:  étoiles
Les yeux secs
Alan Pauls est un écrivain argentin , fils d'un émigré allemand qui a fui le nazisme en 1936.

Le titre de ce livre est donc Histoire des larmes- Un témoignage, il n'est nulle part précisé , ce que le mot "témoignage" signifie ici. Et, bien sûr, le mot " roman" n'apparait nulle part, mais c'est de plus en plus fréquent.

Il appartient à une trilogie qui se complètera peut-être qui comprend successivement, du moins dans leur traduction française , cette Histoire des larmes, suivie de Histoire des cheveux et d'Histoire de l'argent. A suivre, donc..

C'est l'histoire d'un enfant très.. empathique, qui attire les confidences et devient, de ce fait , un parfait réceptacle des souffrances des autres. Ce n'est qu'en compagnie de son père qu'il pleure , jamais avec quelqu'un d'autre.

Il considère les larmes comme un moyen, une monnaie d'échange avec laquelle acheter ou payer. Ou peut-être est-ce la forme que le Proche adopte chez lui quand il est avec son père. Quelque chose dans l'acte de pleurer lui rappelle le bout de ses doigts poli par le frottement contre le fond de la piscine. Si ses doigts pouvaient saigner, s'ils saignaient sans blessure, seulement parce que leur peau est devenue extrêmement fine, alors ce serait parfait.

Difficile en lisant ce livre, de ne pas penser au Moi-Peau de Didier Anzieu..

Mais ce Proche?

Il ne croit pas au bonheur, pas plus qu'à qu'à toute autre émotion telle que celui qui l'éprouve n'a besoin de rien d'autre. Pour quelque raison, il se sent proche de la douleur ou, très tôt, il a perçu la relation profonde qui existe entre la proximité , quelle qu'elle soit, et la douleur: ce qu'il y a de crucial dans le fait que la distance se réduise soudain, que l'air disparaisse et que les intervalles entre deux choses soient comblés. C'est là qu'il brille, lui, qu'il brille comme personne c'est là qu'il trouve sa place. S'il le pouvait, à l'Heureux et au Bon, il opposerait ceci: le Proche.

Ce n'est que plus tard, le 11 septembre 1973, en regardant à la télévision la mort d'Allende en direct , qu'il va s'apercevoir qu'il ne peut plus pleurer. Du tout. Par contre, il va agir et rompre immédiatement avec sa petite amie dont la famille appartient à la droite chilienne. Sans doute plus sain, finalement, comme réaction?

C'est un très beau et surprenant texte , écrit en de très longues phrases pleines de digressions multiples qui s'entrecroisent.
Quant à la dimension métaphorique, si elle existe, elle m'a complètement échappé...

Je préfère, à ce niveau , donner ce lien qui en dit plus:

http://table-rase.blogspot.com/2009/04/…