La meilleure façon de grandir de Meir Shalev

La meilleure façon de grandir de Meir Shalev
(Bbeytw bamidbar)

Catégorie(s) : Littérature => Moyen Orient

Critiqué par Tistou, le 14 octobre 2013 (Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans)
La note : 8 étoiles
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Kaléidoscope géantissime

Rarement lu un roman à la structure autant éclatée, éparpillée, pulvérisée. On ne parle même plus de flash-back, d’autant que chaque chapitre est court, très court (deux-trois pages tout au plus) et qu’on saute régulièrement d’une époque de la vie de Rafi (Raphaël), 52 ans, à une autre, d’un thème du roman à un autre. Heureusement, Meir Shalev a semé des bouts de fil rouge, sous forme de réflexions récurrentes, de répétitions, qui permettent de recoller les morceaux, de se repérer un minimum. Sachant qu’à la toute fin, tout de même, tous les morceaux du puzzle soigneusement mélangés s’ordonneront subtilement pour reconstituer la mosaïque. Mais la toute fin c’est tout de même 568 pages après le commencement ! C’est long tout de même de tâtonner si longtemps dans des couloirs apparemment sans liaison entre eux !
Je ne sais pas si l’ambition de Meir Shalev était de donner chair et consistance à ce lieu commun répandu qui consiste à présenter les mères juives comme extrêmement possessives ? Je ne sais pas. Mais c’est par contre parfaitement réussi ! Rafi se retrouve rapidement l’unique élément mâle de la maison. Il est encore petit garçon et au mur de l’appartement figurent, en rang d’oignons, les portraits des quatre hommes de la maison, morts : le grand-père, suicidé pendu (mais on n’en est pas sûr), le père, écrasé accidentellement lors de manœuvres militaires par les chenilles d’un blindé alors qu’il dormait ( !), l’oncle tué par une projection de pierre lors d’un dynamitage et un autre encorné par un taureau ( !). Je dis bien les quatre hommes de la maison car avec Rafi, élevant Rafi, nous trouvons : la grand-mère, la mère, deux tantes et la sœur. Et tout ce gynécée, aux yeux de Rafi ne constitue qu’un tout, un tout qui l’élève et qu’il appelle « La Grande Femme ». Et un des gimmicks de ces femmes – et du roman – est : « N’est-ce pas la meilleure façon de grandir ? » A vrai dire, on n’en est pas sûr ! Pour fabriquer un névrosé, par contre, peut-être …
Toujours est-il que notre Rafi, à 52 ans, travaille dans le désert, à surveiller les points d’eau, des lieux de captage d’eau et tout le matériel pour pomper et distribuer cette eau. Mais ce n’est pas le plus important. Le plus important, c’est qu’à 52 ans, il s’adresse à sa sœur pour faire un peu le point de sa vie et confronter ses connaissances et déductions sur « La Grande Femme » avec celles de sa sœur. Et accessoirement ainsi de nous raconter un roman !
C’est parfois cocasse, parfois touchant. Meir Shalev s’y entend pour prêter au narrateur, plutôt à l’âge du narrateur puisque le narrateur, c’est toujours Rafi, la psychologie adaptée. Il ne faut pas se perdre dans les méandres et parfois opérer des rétablissements sportifs mais ça en vaut la peine au bout du compte. Même si l’on ne ressort pas persuadé qu’il s’agisse de « La meilleure façon de grandir » !

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