Gare à la bête
de Philip José Farmer

critiqué par Kalie, le 25 mai 2014
(Sarthe - 54 ans)


La note:  étoiles
Écrit sous LSD ?
Philip José Farmer est devenu célèbre en introduisant l’érotisme au sein de la SF américaine, traditionnellement pudibonde. Cependant, il n’est plus question ici d’érotisme mais de pornographie. Les démêlés de l’ancien détective privé Harald Childe avec des extraterrestres aux noms ridicules (les Tocs et les Ogs), qui prennent à l’occasion l’apparence de créatures mythiques (vampires ou loups-garous), servent de prétexte à des scènes sexuelles plus osées les unes que les autres. L’auteur n’épargne au lecteur aucun détail anatomique, aucune position acrobatique lors des nombreuses partouzes qui parsèment le roman. Hommes, femmes voire animaux forniquent dans la plus totale insouciance. Le vocabulaire vulgaire annihile tout le charme que l’on pouvait attendre d’un grand nom de la SF. C’est dommage car les clins d’œil au genre, notamment aux magazines de l’âge d’or de la SF, sont plutôt sympathiques. Entre deux orgies, les tribulations tragi-comiques d’un fan de SF et de Fantastique victime du vol d’un tableau de Bram Stoker arrivent comme un cheveu sur la soupe. Parmi les passages les plus démentiels citons ce ver au visage étrangement humain qui sort d’un vagin pour se frayer un passage dans l’anus d’un homme jusqu’aux intestins ou encore ce corps de femme en mille morceaux dont chaque organe se déplace sur des pattes (une créature-vagin, une créature-utérus etc.). Lors des retrouvailles, la femme d’Harald, qui avait disparu dans « Un exorcisme rituel n°1 - Comme une bête », raconte crûment ses expériences hétérosexuelles et homosexuelles avec ses étranges ravisseurs. Les révélations de plus en plus improbables sur le héros, sa femme et les extraterrestres font sourire. Comme ces créatures qui ont incarné Jeanne d’Arc et Gilles de Rais par le passé ! Donc, deux races d’aliens sont bloquées sur Terre depuis des millénaires. C’est seulement à l’aide d’un « Capitaine » et d’un vaisseau (« Graal ») patiemment reconstitué, que les Tocs et les Ogs peuvent rejoindre leur planète respective. Chaque espèce cherche à s’approprier le dernier « Capitaine » sur Terre. Ce dernier, mi-humain mi-Toc, ignore tout de ses origines. Evidemment, le voyage par téléportation (« Graalage ») n’est possible que dans un état de jouissance collective... Dans ce roman datant de 1968, il faut sûrement prendre l’omniprésence du sexe et de la drogue pour une caricature des années hippies. Moi, j’y ai surtout vu le résultat de l’accouplement entre un film de série Z genre « Plan 9 from Outer Space » d’Ed Wood et un film classé X de Canal+.