Nouons-nous
de Emmanuelle Pagano

critiqué par Ludmilla, le 15 septembre 2015
(Chaville - 68 ans)


La note:  étoiles
De magnifiques textes d’amour - ou de désamour
J’avais découvert Emmanuelle Pagano grâce à l’excellente critique de Feint sur « Les mains gamines ».
Ici, ce sont des textes de 1 ligne à 3 pages, pour la plupart de 1/3 à 1/2 page.
Des textes sur l’amour ou sur le désamour. Tant d’émotions en si peu de mots…
Des textes que j’ai aimés, que j’ai envie de relire, de picorer maintenant que je les ai lus.
Un vrai bonheur!

« Plus il me lit, moins il m’aime. »
« J’étais tellement heureux de l’avoir près de moi que je me suis endormi pour 2 jours. »
« Tout ce que je ne lui ai pas donné, je ne l’ai pas gardé, tout ce que je ne lui ai pas donné a été perdu.»
« J’ai déjà une petite idée de son odeur, et avoir une petite idée de l’odeur de l’autre, c’est être toute prête à s’y habituer. »
« Il avait une manière apaisante de vivre les silences, je n’avais jamais peur de me taire avec lui. »
Histoires d’Il, histoires d’Elle 10 étoiles

Tour à tour Il parle d’Elle, Elle parle de lui. Il et Elle différent chaque fois. Des textes courts, trois pages à une demi-ligne. Des histoires de liens qui se nouent, se dénouent, de sentiments, de sensations, et qui débouchent facilement sur l’insolite ou le fantastique. Une écriture simple, mais toujours juste. Une belle découverte.
Trois de ces textes brefs :


Mon compagnon est accordéoniste. Il fait les bals, les mariages, les anniversaires, les départs en retraite, et parfois il accompagne les parlottes de soirées culturelles, lectures, poésie, découverte du terroir. Je l’ai rencontré au mariage de ma meilleure amie. Je m’ennuyais tellement que je m’étais mise à regarder les gens. J’ai toujours un livre dans mon sac, mais j’avais peur de paraître malpolie en le sortant. Alors je regardais les gens. Ils étaient tous si serrés, engoncés. Un seul ouvrait les bras, et c’était lui. Pour faire de la musique il embrassait l’air, il accueillait le vide, il respirait à grands gestes. Je suis tombée dans l’ouverture de ses bras.Au sens propre j’ai rempli ce creux, cette soufflerie, sa poitrine musicale. Je voulais entendre les bruits de son large cœur, désordonnés par le désir, rassemblés par l’accordéon.

***
Personne ne voit ce que je vois lorsque je la regarde.

***
Nous avons la même morphologie, même taille, même silhouette. Je peux me cacher derrière elle. Elle derrière moi. Au soleil nos ombres se trompent de corps.

Malic - - 82 ans - 10 septembre 2018