Les Contemplations
de Victor Hugo

critiqué par Lolita, le 12 mai 2003
(Bormes les mimosas - 38 ans)


La note:  étoiles
A Léopoldine, son "ange"
Un grand recueil de poèmes, « les mémoires d’une âme », abordant des thèmes divers tels que ses expériences, ses espérances, ses luttes et ses rêves. Le « je » prédomine ici dans chacun de ses poèmes. Toutefois le grand sujet abordé est la mort de Léopoldine, sa fille aînée, à l’origine d’une grande cassure à travers l'œuvre : autrefois et aujourd’hui. Personnellement, les poèmes dédiés à sa fille ou encore les poèmes dans lesquels il expose sa douleur (particulièrement le livre 4 « Pauca Meae »), sont les plus touchants et ceux que j'ai le plus appréciés. Victor Hugo dédie certains de ses poèmes comme par exemple Alexandre Dumas ou Charles Vacquerie dont ce dernier était l’époux de Léopoldine est qui se sacrifia ne pouvant la sauver décidant de mourir avec elle. .
A propos du livre :
Au départ, Victor Hugo comptait appeler son œuvre « Les contemplations d’Olympio » avant de changer pour finalement le titre qu'on lui connaît. Dès son impression, le livre eut un succès « foudroyant » et l’on frisa dès le premier jour, la rupture de stock !! Mais les vieux ennemis de Victor Hugo se déchaînèrent (Veuillot, Barbey D'aurevilly.)
Extrait de "Quelques mots à un autre" dans Aurore
"Comme une obscénité, les ailes de Pégase,
Qui semble, ls ouvrant au haut du mont béni,
L'immense papillon du baiser infini?
Est-ce que le soleil splendide est un cynique ?
La fleur a-t-elle tort d'écarter sa tunique?
Calliope, planant derrière un pan des cieux,
Fait donc mal de montrer à Dante soucieux
Ses seins éblouissants à travers les étoiles?
Vous êtes un ancien d'hier. Libre et sans voiles, Le grand Olympe nu vous ferait dire : Fi!
Vous mettez une jupe au Cupidon bouffi ;
Au clinquant, aux neuf soeurs en atours au Parnasse,
De Titon du Tillet, votre goût est tenace ;
Les Ménades pour vous danseraient le cancan ;
Apollon vous ferait l'effet d'un Mohican ;
Vous prendriez Vénus pour une sauvagesse.
L'âge - c'est là souvent toute notre sagesse -
A beau vous bougonner tout bas : "Vous avez tort,
"Vous vous ferez tousser si vous criez si fort ;
"Pour quelques nouveautés sauvages et fortuites ,
"Monsieur, ne troublez pas la paix de vos pituites.
"Ces gens-ci vont leur train...."
Le livre d'un mort. 10 étoiles

C'est dans cet esprit que se déroule la lecture de ce recueil prodigieux qui illustre à merveille le génie du grand Hugo.

On a ici le récit d'une vie réfléchie, revisitée, aimée ou détestée... mais surtout vécue. Le tout est d'une puissance extrême. Les poèmes sont bouleversants, et cela malgré la longueur de certains !
Si l'on apprécie la plume de l'auteur de "Notre-Dame de Paris", on est émerveillé par cette dernière dans "Les Contemplations".
D'ailleurs, quelles sont-elles ces contemplations ou plutôt observations si bien fondées ? Probablement un point de vue posé sur la vie de l'auteur, par lui-même.

En effet, le recueil se découpe en deux grandes parties : d'une part "Autrefois " et d'une autre "Aujourd'hui". L'une relatant la jeunesse de Victor Hugo, et plus précisément son adolescence et sa vie de jeune adulte. La seconde faisant le rapport d'une vie d'adulte, déjà vécue et presque terminée (Mort de sa fille, Exil...)
Ces deux grandes parties sont elles-mêmes divisées en sous-parties telles que 'Les luttes et les rêves', 'Aurore', 'Pauca Meae' ou encore 'En marche'. Chaque sous-partie témoigne en quelques sortes d'un des nombreux états d'esprits du poète selon les évènements ayant scandé sa vie.
Le livre s'achève sur "Au bord de l'infini", chapitre dans lequel Hugo prépare sa mort saluant une dernière fois les êtres qu'il a aimés, sa vie passée et pour finir sa défunte fille dont il ne parviendra jamais à faire le deuil.

Les Contemplations est un recueil d'une grandeur, à mes yeux, incomparable. D'une part, car on en apprend énormément sur Victor Hugo et d'une manière beaucoup plus ludique et véridique qu'avec la lecture d'une simple biographie. Et d'une autre part, car la magnificence de sa plume est tout simplement ineffable.
L'auteur nous fait grâce d'envolées lyriques à s'en pâmer, nous présente sa vision du monde, ses idées sur l'existence ou sur les thèmes qu'il a déjà évoqué autrefois (comme la peine de mort par exemple.) et, enfin, sur sa propre conception de la poésie qu'il qualifie de 'saxifrage'. La poésie étant pour lui telle cette plante qui fissure les murs et les rochers : soit un acte de résistance.

Mais contre quoi lutte-t-il ce poète immortel qui s'en remet au lecteur dévoilant à ses yeux ingénus une vie d'homme simple et pourtant, si complet ?

Il est nécessaire de se prêter à la lecture de Les Contemplations, ne serait-ce que pour se délecter de la splendeur de certaines oeuvres comme Dolor, Halte en Marchant, Magnitudo Parvi, La Clarté du dehors et tant d'autres !

R. Knight - - 29 ans - 27 mai 2012


A petite dose... 6 étoiles

Peut-être qu'il ne fallait pas le lire d'une traite ? Peut-être fallait-il intercaler quelques poèmes de ces Contemplations entre deux chapitres d'une lecture de roman ?
Pourtant Les Fleurs du Mal sont tout à fait savoureuses même en lecture prolongée ; on s'extasie à prononcer chaque vers à voix haute, révélant le rythme jouissif de l’œuvre de Baudelaire. Ce n'est pas le cas du recueil de Victor Hugo...

Cela vient sans doute de tous ce morceaux incohérents, implémentés à tort par l'écrivain, qui brisent l'homogénéité d'une œuvre censée être sombre et larmoyante. Les passages bucoliques, les souvenirs de jeunesse trop naïfs voire niais, semblent hors sujet.
A cela il faut ajouter les références trop fréquentes aux mêmes auteurs (Dante, Rabelais...) qui amoindrissent au fur et à mesure la force de l'hommage, la répétition ad nauseam de certains mots (on ne supporte plus le mot "vermeil" à la fin) qui abaissent une inspiration pourtant magnifique autrement.
Tout cela provoque l'ennui, auquel s'ajoute une sensation de lassitude devant une compilation de poèmes qui semble s'être allongée inutilement.

En dehors de cela, Hugo parvient à nous émouvoir comme il le souhaitait sur la perte de sa fille, sur son exil et son ressentiment envers certains de ses contemporains ; il se révèle toutefois moins convaincant que ses modèles sur Dieu et l'unité de la nature.

Les Contemplations décevront donc les amateurs d’œuvres poétiques cohérentes, formant un bloc indivisible, et satisferont plutôt les lecteurs souhaitant se faire plaisir de temps en temps à travers quelques poèmes bien choisis.

Ngc111 - - 38 ans - 16 mai 2012


Beau ! 10 étoiles

Le plus beau recueil de poèmes qui soit ! Un des plus mélancoliques aussi...

Bookivore - MENUCOURT - 41 ans - 29 mars 2008


La Somme 7 étoiles

On peut aimer (comme Baudelaire) ou détester (comme Barbey d'Aurévilly).
Dans les Contemplations, il y a tout Hugo : le polémiste et le lyrique, l'intimiste et l'épique, le croyant et l'homme blessé qui doute.
Il y a des images sublimes, un souffle et de l'émotion tout simplement.
Mais aussi faut l'avouer : répétitions, vers plats, naïvetés. Par moment le colosse est trop grand pour son sujet, l'écrase, l'étouffe.
Peu importe.
Demain dès l'aube, Ce que dit la bouche d'ombre sont de vrais chefs-d'oeuvre.
Hugo reste Hugo.

Hereith - - 42 ans - 10 mars 2008


Quelle sublime noirceur ! 8 étoiles

Voilà un oxymoron que je n'emploie pas souvent, car j'apprécie peu la mélancolie. C'est pourquoi le recueil de poésies est l'un des meilleurs moyens de faire passer la pilule.
Quel hommage ! Et quel brio quand on est invité à subir un tel désarroi que celui de l'auteur ! L'écriture a été pour lui un remède partiel, alors qu'il a également tenté les séances de spiritisme pour tenter des contacts avec sa fille disparue. C'est dire dans quel état il a pu tomber...
Cela permet une belle interrogation sur la nécessité de vivre la douleur ou des expériences à avoir tenté pour stimuler l'inspiration artistique. Que les choses soient claires : je ne veux en rien faire l'apologie de quelque substance illicite ou de la pathologie décrite dans l'Assomoir de Zola, bien au contraire.

Veneziano - Paris - 46 ans - 6 mai 2005