Lectures de poilus : Livres et journaux dans les tranchées, 1914-1918
de Benjamin Gilles

critiqué par JulesRomans, le 5 octobre 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Une soif de lecture qui donne une ivresse bien sage aux poilus
L’ouvrage commence par faire le tour du degré d’instruction des poilus et de leur famille, le nombre de courriers échangés (quatre millions), le poids de la censure, les distractions possibles des poilus au front et au cantonnement. Un chapitre montre combien à travers la richesse incommensurable de la presse de l’époque et les romans populaires, la France est un pays de lecteurs en 1914.

On est agréablement surpris par l’abondance de l’iconographie et son originalité, alors que l’on s’attendait à des reproductions de première page de journaux ou de couverture souple illustrée de romans populaires, on a une flopée de photographies (une vingtaine) nous montrant des poilus en situation de lecture, d’achat d’imprimés ou de fabrication de journaux de tranchées … La seule première page d’un journal présentée est celle du "Miroir" qui était la principale revue à proposer des photographies du front, dont un grand nombre provenait d’appareils aux mains de combattants. Ce choix est très pertinent.

Un chapitre intitulé "De nouvelles conditions pour la lecture" interroge l’impact de la guerre sur le contenu des écrits (avec en particulier les récits relevant du bourrage de crâne), la censure et la diffusion des écrits pacifistes… Un dernier ensemble traite des pratiques spécifiques de lecture des poilus avec entre autre une analyse du contenu du "Bulletin des armées", dont de très nombreux textes sont accessibles au lecteur d’aujourd’hui dans l’ouvrage "État de guerre – L’année 1914 à travers les publications officielles ", l’accès à des romans fruits d’une expérience au front (avec une présentation rapide des idées qu’ils développent) …