Le degré zéro de l'écriture
de Roland Barthes

critiqué par Veneziano, le 21 septembre 2013
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Le sens du moindre mot
Tout a un sens, le moindre mot, et il peut varier en fonction du style, de l'état de la langue, qui est moins qu'un matériau, mais un horizon, un objectif : elle est un objet vivant auquel on offre l'usage qu'on veut.
C'est la thèse que Roland Barthes développe dans ce court essai qu'est le Degré zéro de l'écriture, comme dans les brefs "essais critiques" qui le suivent dans ce volume, plus sectorisé en ce qu'ils sont centrés sur des auteurs, voire des oeuvres, comme Flaubert, Proust, et la Vie de Rancé par Chateaubriant, notamment.
Avant l'écriture de l'époque classique du roman qu'est le XIXème siècle, la langue française n'était pas totalement arrêtée, et apparaissait formellement fluide. L'écriture bourgeoise du grand siècle romanesque la fige, impose un cadre qui s'avère presque devenir une chape de plomb. Flaubert essaie de le dynamiter. De leur côté, les écrivains naturalistes, pour s'en défaire, utilisent un non-style, par une écriture descriptive, dénuée d'images et effets. C'est ce qu'emploient Zola, Maupassant et Daudet, et qu'emprunte de nouveau Camus, de manière spectaculaire dans L'Etranger.

Barthes réfute cette écriture bourgeoise qui semble, d'après ce qu'il en exprime, générer un ennui profond par une certaine uniformité, ce qu'illustre notamment l'emploi du passé simple.

Ces essais courts offrent la possibilité de prendre du recul sur la langue de la littérature, voire, plus généralement, de l'écrit. Son mode d'expression est un tantinet affecté, mais l'exposé apparaît très clair. Il fait réfléchir, et nécessite d'être mature pour en profiter pleinement. Je m'apprête à le relire.