Les sourds : Une minorité invisible de Fabrice Bertin

Les sourds : Une minorité invisible de Fabrice Bertin

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire , Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Guigomas, le 20 septembre 2013 (Valenciennes, Inscrit le 1 juillet 2005, 54 ans)
La note : 8 étoiles
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Histoire de Sourds

Il est courant ce débat idiot portant sur le handicap le plus acceptable, s’il fallait choisir, entre la cécité et la surdité. Souvent on choisit la surdité : ne pas entendre le chant des oiseaux ou la Marche Turque, ma foi, c’est bien dommage, mais ça permet aussi d’éviter les pétrolettes agaçantes ou les vocalises de Lara Fabian.

Ce qu’on ne mesure pas, dans ce choix, c’est que la surdité ce n’est pas que l’absence de l’ouïe, mais plus dramatiquement l’absence des moyens de communication principaux de l’être humain. Et oui, on apprend par la parole, on débat par la parole, on communique par la parole. D’où cette interrogation fondamentale qui est vieille comme la Grèce antique : faut-il essayer de sortir les sourds de leur condition en exploitant au maximum leur potentiel oral (lecture sur les lèvres et parole) ou au contraire accepter les Sourds (la majuscule ici est volontaire) comme une communauté à part entière, ayant son propre langage, la langue des signes, communauté d’individus différents plutôt qu’handicapés ?

Ce petit livre, dont l’auteur est lui-même sourd, relate l’histoire de ce débat en déroulant l’histoire de la surdité depuis la Grèce antique où s’élabore cette idée encore prégnante qu’il ne saurait y avoir de pensée sans langage, donc sans parole, jusqu’à notre époque où la médecine alliée aux micro technologies permet la récupération d’une partie de l’audition et ce, de manière incroyablement paradoxale, à la grande réprobation de beaucoup de sourds !
On assiste à un mouvement perpétuel de balancier entre les époques, celles qui veulent à tout prix faire parler les sourds et celles ou le langage des signes est mieux toléré, voire mis en valeur. Ainsi des 100 années qui séparent la création de son institut par l’abbé de l’Epée, promoteur et codificateur de la langue des signes, du funeste congrès de Milan de 1880 qui actera l’interdiction de cette même langue dans l’éducation des sourds, et restera d’application jusqu’en 1977 !

Il y a dans l’histoire des sourds des personnages fameux, éducateurs comme l’Espagnol Ponce de León, l’abbé de l’Epée ou l’abbé Sicard, sourds eux-mêmes comme le peintre Quintes Pedius, romain de noble origine ou Ferdinand Berthier, éducateur et militant. Il y a des idées saugrenues, telle celle de priver les sourds, pour mieux leur apprendre à parler, de la lecture labiale et de toute communication corporelle ! Ou celle de créer en France un département sourd pour regrouper cette population.

Pour qui s’intéresse à la surdité, ce petit livre d’histoire est fort intéressant et montre que les débats actuels, en particulier autour de l’implant cochléaire, s’inscrivent dans une histoire bien longue.

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Les éditions

  • Les sourds [Texte imprimé], une minorité invisible Fabrice Bertin
    de Bertin, Fabrice
    Éd. Autrement / Collection Mutations
    ISBN : 9782746713673 ; 28,73 € ; 17/02/2010 ; 181 p. ; Broché
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