Corruption
de Pramoedya Ananta Toer

critiqué par Rotko, le 3 mai 2003
(Avrillé - 50 ans)


La note:  étoiles
Les errements d'une conscience fourvoyée
D'une lecture très facile, ce récit linéaire ( paru en 1954 en Indonésie, traduit en 1981) surprend par une fraîcheur de ton qui masque la profondeur de l'analyse. Il nous fait vivre l'expérience intérieure de qui s'adonne à la corruption, ce fléau national qui, l'indépendance acquise, succède si souvent au colonialisme. Les rapports humains, sociaux et économiques en sortent irrévocablement détériorés. Pram est un auteur de conviction & souvent emprisonné, qui décrit sans complaisance mais sans manichéisme l'engrenage fatal des fonctionnaires véreux tentés par l'argent facile.
Un beau matin, Bakir le fonctionnaire décideur, prend conscience de la médiocrité de sa fortune et du peu de considération dont on l'entoure. Faire payer ses services serait si lucratif... Il regarde alors avec méfiance son entourage intègre, ce secrétaire studieux qu'il considère comme son fils, son épouse confiante, et il laisse libre cours à sa mauvaise foi. Les avertissements et la désapprobation de ses proches ne font pas le poids devant l'attirance de la richesse. Il devient un personnage corrompu, égoïste, cupide et soupçonneux.

Ce livre traduit en 1981 par l'association Archipel, prend toute sa dimension dans le contexte politique indonésien dont il dénonce les usages et montre les méfaits individuels et collectifs.
(extrait) «Le mot de corruption m'était venu à l'esprit. Longtemps il m'avait bourdonné dans la tête, et même il m'était venu aux lèvres. J'avais fini par avoir envie d'y goûter à mon tour. « Corruption», « Corruption», tout résonnait de ce mot. On aurait dit qu'il faisait vibrer les cloisons et tous les objets de la pièce à l'unisson... »
pas si manichéen 10 étoiles

Corruption tranche certes entre les bons et les méchants pour certains personnages. Mais Bakir qui laisse la vanité, l'envahir puis l'envenimer est peint en toute nuance, en variations.
Effectivement je crois que ce live traite surtout de la vanité des hommes. Corruption est à lire sous toutes ses acceptions. Le lecteur habite les tourments et colères de Bakir qui cache sa rudesse et sa lâcheté sous des prétextes qu'il mobilise un instant pour ensuite les oublier. Mais combien de vaines et injustes colères avons-nous eues, détruisant, effrayant ce que nous aimions, ce que nous étions et saisir un motif quelconque pour tenter d'étouffer leur criante injustice ... penser continuer jusque la destruction.

Déhellair - - 38 ans - 3 juin 2008


Comme c'est pas bien de tricher ! 5 étoiles

C'est gentil comme tout ce petit bouquin sur la corruption. C'est candide et très manichéen : il y a les mauvais qui trichent et sont punis et les autres qui font bien leur travail et s'en sortent pas si mal.

Ben oui on est d'accord avec toi mon grand mais tout ça ne fait une histoire très existante, on dirait plutôt que tu as écrit ce petit texte pour servir de leçon de morale aux enfants des écoles de Djakarta.

Débézed - Besançon - 76 ans - 17 mars 2008