Viols en temps de guerre
de Raphaëlle Branche, John N. Horne, Pieter Lagrou, Fabrice Virgili

critiqué par JulesRomans, le 25 septembre 2013
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
Des guerriers à la recherche d'une sorte de butin
Voici un ouvrage qui essaie de mesurer, ce qui dans cet acte de viol relèverait parfois de l’action spontanée d’hommes qui n’en ont pas moins des représentations particulières autour de l’idée du butin de guerre et de vengeance envers l’ennemi, de ce qui est stratégie de la part d’autorités civiles et (ou) militaires pour imposer une domination à l’ennemi qui est censée, en cassant ses désirs de résistance en raison de peur de représailles sur les femmes de son peuple et mettant à bas son moral, diminuer sa combativité.

Ce récit est composé de multiples contributions qui traitent, à l’exception d’une sur la législation militaire en matière de viol dans les armées russes d’Ivan le terrible aux dernières années de l’Armée rouge, de situations très variées pour les pays et l’époque allant de 1914 à 2008. Le drame le plus récent étant celui vécu au Congo et en Afrique de l’est et la plus éloignée posant la question du devenir des enfants fruits du viol d’une Française par des Allemands au début de la Première Guerre mondiale.

On notera le témoignage d’un violeur russe interviewé sur ses actions en 1945 en Allemagne qui déclare page 52 ne pas comprendre du point de vue moral comment il a pu agir ainsi, même s’il l’explique en donnant des pistes pertinentes sur le contexte. La question des viols en Rhénanie occupée dans les Années 1920 avait déjà été traitée du point de vue des soldats africains dans l'armée française, il l’est ici du point sous l’angle de l’action de militaires belges. Dans les deux cas, pour des raisons de propagande, on est dans une dimension très fantasmatique.

L’Asie n’est pas oubliée, avec entre autre une contribution très intéressante qui montre comment un pays musulman le Bangladesh a réussi, dans les années qui suivirent son indépendance à faire de femmes victimes (d’ailleurs d’autres musulmans puisque les agresseurs sont des Pakistanais) non des personnes rejetées (ce qui a pu être le cas ailleurs comme certains textes le montrent) mais des héroïnes nationales. Les conflits internes dans l'État indien du Bihar ont eu également de sordides conséquences.