Immortelles de Laure Adler

Immortelles de Laure Adler

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par TRIEB, le 7 septembre 2013 (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 72 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (54 789ème position).
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DE L'AMITIE A L'ETERNITE

L’amitié, ce sentiment si précieux, peut nous conduire à un peu d’éternité. C’est à cette célébration que souhaite nous faire assister Laure Adler dans son roman Eternelles. C’est le récit des parcours de trois femmes, Judith, Suzanne, et Florence qui ont toutes, à différents moments de leurs vies respectives, rencontré la narratrice, l’ont marquée, influencée, façonnée dans ses choix de vie, affectifs, sociétaux.

Judith a passé son enfance en Argentine, issue d’une famille d’origine juive polonaise. Sa mère, Ethel, connaîtra la France durant la seconde guerre mondiale . Suzanne, marquée dès l’enfance par l’absence d’un père parti, dit-il, installer des filiales pour le compte d’une grande entreprise au Brésil, éprouve très tôt l’impératif de la recherche de la liberté ; elle se compare à Albertine, personnage de La recherche du temps perdu. Elle est devenue « une fille murée »
Florence, pour sa part, cherche son salut dans les spectacles, dans le théâtre, art dont elle est éprise. Elle fréquente assidûment le festival d’Avignon, assiste aux débordements du Living Theater, à la mise en cause de Jean Vilar par des contestataires.

Ce qui lie la narratrice à ces trois femmes, ce sont des dettes culturelles, des influences : ainsi Suzanne fait-elle découvrir Les nourritures terrestres de Gide au cours de séances de lecture commune.
Bien plus tard, c’est Judith qui assiste avec la narratrice au séminaire de Lacan. Elles découvrent les cours de Julia Kristeva, de Benveniste tandis que Suzanne, qui a intégré l’univers médical, se passionne pour les patients de la clinique de La Borde, dirigée alors par le psychiatre Félix Guattari.
Ces femmes, chacune dans leur parcours, s’apprennent à vivre, à aimer, à avorter, pour ce qui concerne Judith. Elles rayonnent de leurs passions, telle l’implication dans les actions humanitaires pour Suzanne.
La fin du récit est amère ; l’auteure avoue : « La faucheuse n’a pas été tendre avec notre génération. Pas de plan de vie, pas de désir particulier de rester en vie . Nous n’y pensions même pas . Nous nous sentions immortelles. »
On retiendra de ce roman cet hymne à l’amitié, à la rencontre des autres, cet appel à « dormir le cœur ouvert, comme le chantait Gilles Vigneault . Ce roman célèbre aussi l’utopie, le pouvoir des idées et des personnes sur nos vies. Précieux rappel s’il en fût.

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Les amies sont de passage

5 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 65 ans) - 25 juillet 2014

Ce titre emprunté à Madeleine Chapsal m'a semblé comme une évidence en partageant les rencontres de la narratrice avec Florence, Suzanne et Judith.
A travers cinq périodes de la vie, Le sentiment de l'innocence, La perception de l'existence, Le sentiment sexuel, Le surgissement du réel jusqu'à L'apprentissage de la désillusion, Laure Adler nous raconte l'enfance, l'adolescence et le début de la vie d'adulte de trois femmes qui ont croisé la vie de la narratrice. Trois femmes, très différentes entre Judith, argentine juive, Florence responsabilisée très tôt entre l'absence du père et celles de sa mère et Suzanne, fille adultérine d'une infirmière très amoureuse d'un chirurgien rencontré en Indochine.
Trois femmes sans père, dans une époque sans repère, qui vont marquer la vie de la narratrice et dont le souvenir fera remonter une nostalgie et un manque.
Je m'attendais à la lecture de ce roman présenté comme un "hymne à l'amitié féminine" à des sentiments beaucoup plus forts; je m'attendais même à ressentir une certaine empathie pour cette femme éloignée de ses amies.
Mais la narration semble maintenir une certaine distance, voire une froideur dans la relation des vies, des parcours chaotiques et des enfances particulièrement difficiles de ses amies et de leurs familles.
Cela m'a laissé un sentiment mitigé, sans ennui mais sans passion non plus.

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