Un cantique pour Leibowitz de Walter Michael Miller

Un cantique pour Leibowitz de Walter Michael Miller
(A canticle for Leibowitz)

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par Martin1, le 11 août 2013 (Chavagnes-en-Paillers (Vendée), Inscrit le 2 mars 2011, - ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 657ème position).
Visites : 3 174 

A canticle for Leibowitz, 1960

Jamais, au grand jamais, je n'aurais osé imaginer qu'on puisse allier dans une même histoire de la science-fiction à la spiritualité de la vie monastique.
Ce livre est un cantique, un long cantique qui nous force à nous pencher sur la vanité de l'homme et, purement et simplement, sa folie. C'est dans une petite abbaye, occupée par l'ordre albertien de Saint Leibowitz, que sont gardés les précieux fragments, restes incompréhensibles d'une civilisation disparue.

Ce livre est divisé en trois parties espacées de six cents ans. On découvre au fil des pages, et non sans un certain sens de l'humour, des martyrs, des sauvages illettrés, des cardinaux à cornes, un moine aux talents de mécanicien, un Juif vieux de plusieurs millénaires, un rimailleur à l’œil de verre, une vieille vendeuse de tomates bicéphale et même des chèvres complètement chauves au crâne bleu. Fantaisiste, ce récit ? Un conte fantastique, sans doute ? Nullement.

Ce livre, au décor très dépouillé (le désert de l'Utah, et les éternels busards qui y ont élu domicile) aborde un certain nombre de questions théologiques ou simplement essentielles sur la place de l'homme en ce monde. On y parle de guerre, ou plutôt des erreurs humaines qui ne peuvent que la déclencher. On y parle de politique, de stratégies mesquines impliquant les puissantes familles monarques et des tribus nomades indomptables. On y parle de la science, et ce conflit antédiluvien qui oppose sans cesse la science à la croyance. On y parle de la vie monastique, des responsabilités qui incombent à l'abbé, cet homme fait de chair mais fait aussi d'or fin et de fer. On y parle de l'Eglise, la Nouvelle Rome, et de la manière dont elle résiste siècle après siècle aux transformations du monde, répétant inlassablement les mêmes dogmes. On y parle aussi de ce choix terrible que devra faire l'homme à l'approche de la mort : continuer à vivre dans la souffrance, ou achever son existence par l'euthanasie libératrice ? On y parle de Dieu, on le cherche même tout au long du livre, sans réellement le trouver, mais il est bien là, observant ses créatures en qui il a placé Son Amour, aller tout droit vers le néant.

Que le lecteur soit athée ou croyant, cela n'a aucune importance, ce récit n'est pas un récit biblique, ni théologique, ni prophétique. Il est à prendre comme il est : c'est l'histoire du combat sans fin de l'abbaye de Saint-Leibowitz, héritière directe du catholicisme, contre la marche effarante du progrès destructeur de Homo sapiens.

C'est l'un des textes les plus remarquables de la science-fiction. Miller remporta le prix Hugo 1961, l'un des prix les plus prestigieux de science-fiction. Miller complète ainsi le panel des auteurs de science-fiction du monde, par une touche forte de spiritualité.

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Oups !

5 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 11 avril 2016

Comment ai-je pu lire ce livre ? Tout simplement par les deux critiques élogieuses parues précédemment. Je rends hommage à leurs auteurs.
Trouver ce roman publié en 1961 par Denoël ne fut pas une mince affaire ! Grâce à "Samarcande" (organisme inter bibliothèques publiques de la région francophone de Belgique) il fut possible de dénicher l'objet tant convoité.

La première partie (125 pages) concernant le Frère Francis m'a beaucoup plu. Quelques naïvetés de style, des répétitions un peu lourdes ne gâchent pas trop le plaisir de la lecture. Il y a des bonnes idées et dans l'ensemble c'est agréable et digeste.
Ensuite ça se gâte (en tout cas pour moi qui ne suis pas vraiment un amateur de SF ni de fantasy)... dès que des êtres à cornes ou bicéphales apparaissent... je m'enfuis à toutes jambes.

Je ne suis donc pas un juge impartial et je n'ai pas pris la peine de finir les 100 dernières pages.

Amen

10 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 41 ans) - 30 mars 2014

J'ai découvert ce roman par le biais de l'essai sur le réalisme fantastique "Le Matin Des Magiciens", ce livre culte de Pauwels & Bergier, dans lequel les auteurs proposent une version considérablement raccourcie de ce livre (une cinquantaine de pages environ, si ce n'est un peu plus, qui proposent des extraits du roman). Avant ma lecture du "Matin..." (livre que je conseille, par ailleurs ; fin de la parenthèse, la preuve ==>), j'ignorais totalement l'existence de ce roman, "Un Cantique Pour Leibowitz", et de son auteur Walter M. Miller Jr (qui, à l'exception de ce roman de 1961 et de quelques nouvelles, n'a rien écrit de plus ; il tentera, tardivement, d'écrire une suite à son roman, "L'Héritage De Saint Leibowitz", mais se suicidera en laissant le manuscrit en plan, et le roman sera achevé par quelqu'un d'autre, et a depuis été publié, aux mêmes éditions que le premier roman).

En lisant le bouquin de Pauwels et Bergier, je pensais que cette histoire était une nouvelle, rien de plus. Quelle n'a pas été ma surprise de constater qu'il s'agissait bel et bien d'un roman, de 450 pages dans sa version définitive ! Rien n'est comparable entre le roman et sa version raccourcie dont j'ai parlé plus haut. Ce roman est absolument magnifique. L'auteur, un ancien militaire ayant participé à la 2GM et en étant sorti quelque peu traumatisé (comme Joe Haldeman, qui a fait le Vietnam et a utilisé sa traumatisante expérience pour son roman "La Guerre Eternelle", autre classique absolu du genre), livre ici LE roman sur le péril nucléaire, en même temps qu'une profonde réflexion sur la spiritualité (l'action se déroulant dans un ordre religieux post-apocalyptique). C'est une sorte de croisement entre "Docteur Folamour", "Malevil" et "Le Nom De La Rose", et assurément un chef d'oeuvre total et absolu qu'un fan de SF se doit de lire.

Forums: Un cantique pour Leibowitz

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Un cantique pour Leibowitz".