D'abord, ils ont tué mon père de Loung Ung

D'abord, ils ont tué mon père de Loung Ung
(First, they killed my father)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Débézed, le 9 août 2013 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 6 étoiles
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Le génocide cambodgien

Phnom Penh, 1975, la famille Ung, le père commandant dans les services secrets du Général Lon Nol, contre sa volonté, la mère, trois fils et quatre filles dont Loung, avant dernier enfant, la narratrice alors âgée de cinq ans, évacuent précipitamment leur demeure sous la pression des Khmers Rouges qui veulent vider la ville afin de constituer une société égalitaire et agraire en éliminant tous ceux qui veulent contrarier leur projet. La famille Ung est déportée à la campagne où elle souffre de maltraitances, d’humiliations, de violences et surtout de la faim. Elle est rapidement dispersée, une fille meurt dans un camp et le père est finalement démasqué. Loung, fillette débrouillarde et forte, capable de rosser des enfants bien plus grands qu’elle se bat comme une forcenée, armée de sa volonté de vivre et d’une haine farouche de ceux qui les maltraitent, pour survivre et aider sa sœur à supporter les sévices qu’elles doivent endurer dans les camps khmers, dans les camps vietnamiens et, pour Loung seulement, lors de son évasion vers le monde libre.

La narratrice a choisi, alors qu’elle avait près de vingt-cinq ans, de se réincarner en la fillette qu’elle était en 1975 pour raconter le calvaire vécu par sa famille pendant la traversée de l’horreur déversée sur le Cambodge par les sbires de Pol Pot. Ce processus littéraire donne plus de vie et d’émotion au texte en mettant le narrateur et le lecteur en prise directe avec les événements même si on ressent bien que cette histoire n’est pas le fruit de la plume d’une gamine de cinq ans mais celui d’une adulte capable de concevoir des raisonnements trop élaborés pour sortir de l’esprit de cette gamine si dégourdie soit-elle. Ainsi, cette histoire même si nous n’avons aucune raison de la mettre en doute, apparait-elle comme un peu reconstituée, réorganisée pour que les principaux aspects de cet abominable génocide puissent y trouver une place. Ce texte serait donc la somme des souvenirs de la fillette enrichie de quelques autres témoignages et d’émotions développées a posteriori.

Ce livre n’a pas vocation littéraire, il reste trop factuel pour que le lecteur prenne réellement conscience de toute la complexité du processus qui a conduit Pol Pot et ses affidés à de telles exactions, à franchir la limite de ce qui est humainement concevable. Il a bien évidemment pour but principal de témoigner de ce que fut le drame cambodgien à travers des faits réels et irréfutables mais aussi de montrer comment la solidité des liens qui unissent les membres de la famille Ung a aidé certains d’entre eux à survivre et à se réunir pour reconstituer une famille nombreuse et dynamique implantée sur plusieurs continents.

Et ce témoignage montre une fois de plus tout l’étendue de l’imbécilité des ces révolutionnaires qui se croient obligés d’infliger à tout un peuple qui ne leur demande rien, leur façon de concevoir la société et de les contraindre d’accepter cette conception sous peine de torture et de mort. D’après certains historiens la méthode utilisée par Pol Pot, et d’autres avant lui, aurait été inspirée par celle inaugurée en France lors du massacre des Vendéens et des Chouans.

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