Seul dans la splendeur : Edition bilingue français-anglais de John Keats

Seul dans la splendeur : Edition bilingue français-anglais de John Keats

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Provisette1, le 6 août 2013 (Inscrite le 7 mai 2013, 11 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 183ème position).
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"Quintessence du poète et de la poésie"

Il suffira de ces mots de Robert Davreu, traducteur et préfacier de ce recueil, pour résumer fort bien ces sublimes poèmes et mille fois mieux que je n'aurais su le faire pour vous dire leur beauté, leur magie, ce lyrisme ô combien intraduisible et intransmissible, ici, en mots bien ordinaires!

Peut-être juste vous dire que mes seules "réactions" à la lecture de chacun d'eux, allongée, là, sous le ciel d'azur et la douce musique de l'apaisante rivière, je n'ai émis que des "Oh!", "Olala! Olala!C'est trop beau!C'est au-delà de tout!"...

Et avec l'accord non autorisé de Septu qui aime tant également cette poésie "d'éternité", juste reprendre ses mots:

"et malheureusement pour moi, c’est une poésie impossible à décrire et à faire partager avec des mots, mêmes les mieux choisis"...

"Ô Solitude! si je dois avec toi demeurer,
Que ce ne soit parmi l'inextricable amas
De bâtiments noircis!Escalade avec moi la pente
escarpée-
Cet observatoire de la Nature-d'ou le le val
Ses pentes fleuries, sa rivière gonflée de cristal,
Paraissent un empan peut-être; laisse-moi vieille à
ta place,
Parmi les rameaux en bannières, ou le bond vif du
cerf
Effraie l'abeille sauvage hors les doigts de la digitale
Mais quand bien même j'aurai la joie à tracer ces scènes
avec toi
La douce conversation pourtant d'un esprit innocent
Dont les mots sont images de pensées raffinées
Est le plaisir de mon âme; et ce doit être en vérité
Des humains la cime ou peu s'en faut de la félicité
Lorsque vers tes repaires deux âmes-soeurs
s'enfuient."

et aussi...

".................
Oh!fais-moi don de toi tout entière, que tout-oui
tout- soit mien!
Cette forme, cette beauté, ce petit piment doux
D'amour, votre baiser- ces mains, ces yeux divins,
Ce sein chaud, sa blancheur, sa lumière et ses mille
plaisirs,-
Vous-même- vôtre âme- par pitié donnez-moi tout,
Ne refusez un atome d'atome ou je meurs,
................."

...et je vous laisse partir le découvrir- et je l'espère avec plaisirs- ce magicien-poète de "la lumière et de l'obscurité, le sens et le non-sens du sensible"...

Beaux voyages!

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Les éditions

  • Seul dans la splendeur [Texte imprimé], poésie John Keats traduit de l'anglais et présenté par Robert Davreu
    de Keats, John Davreu, Robert (Traducteur)
    Points / Points. Poésie
    ISBN : 9782757811658 ; 6,90 € ; 26/02/2009 ; 121 p. ; Poche
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«Et entendre un éclat de rire joyeux au milieu du tonnerre.»

10 étoiles

Critique de Septularisen (Luxembourg, Inscrit le 7 août 2004, 56 ans) - 12 juin 2021

«SUR LA MER» (1817)

D’éternels murmures elle entoure
Les rives désolées, et, de sa houle puissante,
Gorge deux fois dix mille cavernes; jusqu’à l’heure où le charme
D’Hécate les laisse à leur vieux bruit ténébreux.
Souvent d’humeur si douce elle se trouve
Que c’est à peine si le moindre bout de nacre
Bouge des jours durant de là où il vint échouer
La dernière fois que du ciel les vents se sont déchaînés.
Ô vous dont les yeux sont irrités et las
Offrez-leur pour festin la mer immense à parcourir;
Ô vous dont les oreilles sont assourdies d’un vacarme barbare
Ou nourries à l’excès d’une mélodie fade
Asseyez-vous au seuil béant d’une vieille caverne, et rêvez
Jusqu’au sursaut du réveil, comme si le chœur des nymphes de la mer chantait.

John KEATS… qui ?.. John KEATS (1795 -1821), considéré comme le poète anglais le plus romantique du XIXe Siècle, qui bien qu’ayant ses admirateurs inconditionnels, était complètement oublié, et aurait pu rester définitivement dans les «limbes» littéraires… Et puis, en 2009, le «miracle» intervient par la magie d’un film… Réalisé par Mme. Jane CAMPION (*1954), intitulé «Bright star», le film, qui n’est autre qu’une biographie romancée du poète, fit connaître le nom de John KEATS au monde entier. Et le poème éponyme : «BRIGHT STAR! WOULD I WERSE STEADFAST AS THOU ART» («ÉTINCELANTE ÉTOILE, CONSTANT PUISSÈ-JE À TON INSTAR» en français), daté de septembre 1820, devint connu de tous… (Retrouvez ce poème à la fin de cette recension, avec sa traduction française).

Ce seul poème, ne devant pas être l’arbre qui cache la forêt, «Seul dans la splendeur», nous en propose trente-deux autres, surtout des sonnets, tous aussi exceptionnels. Alors que dire de plus? Que c’est fin, beau, épuré, ciselé, léger, sensible, délicat, fluide, innocent, naïf, lucide, intemporel, … Cela vous emporte dans une autre dimension, une dimension de bonheur et de calme, comme dans une autre vie…

Lire Keats, c’est comme un éveil, un surgissement multiple de l’être, un élan avec l’imagination créatrice au pouvoir. Tout est vrai, tout est beau, sensuel, sauvage… Le tragique côtoie le comique, le grotesque le sublime, le quotidien le trivial, l’éternel l’éphémère, l’anecdote le plus sérieux… Et pourtant on sait que certains de ces sonnets ont été écrits en moins de 15 minutes!..
S’il ne fallait qu’un seul exemple pour vous convaincre du génie de «L’étoile filante» (rappelons que KEATS est mort a 25 ans…), de la poésie anglaise, voici une question: Si un jour vous devriez écrire un mot sur une jeune femme, dont la beauté vous a frappé, croisée dans un jardin public, quatre ans auparavant, qu’écririez-vous?
Et bien voici ce qu’écrit John KEATS :

«À…» (1818)

Du temps la mer est demeurée cinq ans aux syzygies
Le va-et-vient des longues heures a laissé le sable ramper
Depuis que je me suis entortillé à la toile de ta beauté
Et fait prendre au collet de ta main dégantée.
Et pourtant je n’ai jamais regardé le ciel de minuit,
Mais de tes yeux je vois la lumière qui ne s’oublie ;
Je ne peux poser mon regard sur la carnation de la rose,
Mais vers ta joue mon âme prend son essor ;
Je ne peux regarder aucune fleur en train d’éclore
Mais mon oreille aimante, pendue folle à tes lèvres
En attente d’un murmure d’amour dévore
À contre-sens ses douceurs : car tu éclipses
Tout délice par la douceur du souvenir
Et porte le chagrin au cœur des joies que je chéris.

Pourtant ce sont des thèmes (très) classiques, les saisons qui passent, le temps qui cours, la rêverie solitaire, les grands écrivains classiques (Shakespeare , Pétrarque, Dante…), la nuit et ses mystères, le climat, le soleil, les étoiles, la nature, l’amour et bien sûr la vie et la mort…

«LORSQUE ME VIENT LA PEUR DE POUVOIR CESSER D’ÊTRE » (1818)

Lorsque me vient la peur de pouvoir cesser d’être
Avant que ma plume ait glané mon futile cerveau,
Avant qu’en haute pile les livres, imprimés,
Enserrent, greniers pleins, la récolte bien mûre;
Lorsque sur la face étoilée de la nuit j’aperçois
Les immenses symboles nuageux d’une grande épopée,
Et pense que peut-être je ne vivrai pas assez
Pour en tracer les ombres de la main magique du hasard;
Et puis lorsque je sens, belle créature d’une heure,
Que sur toi mon regard ne se posera plus jamais,
Que jamais plus je ne goûterai au pouvoir féerique
De l’amour sans souci; alors sur le rivage
Du vaste monde, seul je demeure et songe
Le temps qu’Amour et Gloire s’abîment au néant.

Je m’en voudrais de finir sans dire un mot de la magnifique traduction de M. Robert DAVREAU (1944 – 2013), qui s’il n’arrive pas toujours à restituer les rimes, nous offre quand même une traduction qui arrive à nous rendre le rythme, la fluidité, les vibrations et la concision de l’original.

Mais, Dieu que c’est beau! Et avec l'accord non autorisé de Provisette1 qui, comme moi, aime tant également cette poésie «d'éternité», juste reprendre ses mots : "Oh!", "Olala! Olala! C'est trop beau! C'est au-delà de tout!"...

Mais, comme toujours laissons maintenant la parole au poète :

«ÉTINCELANTE ÉTOILE, CONSTANT PUISSÈ-JE À TON INSTAR» (1820).

Étincelante étoile, constant puissè-je à ton instar
Non pas naviguer seul dans la splendeur du haut de la nuit
À surveiller de mes paupières pour l’éternité désunies,
Comme de la nature l‘ermite insomnieux et patient,
Les eaux mouvantes dans le rituel de leur tâche
D’ablution purifiante des rivages humains de la terre,
Ni contempler le satin du masque frais tombé
De la neige sur les montagnes et sur les landes —
Non, mais toujours constant, toujours inaltérable,
Avoir pour oreiller le sein mûr de mon bel amour,
Afin de sentir à jamais la douceur berçante de sa houle,
Éveillé à jamais d’un trouble délicieux,
Toujours, toujours ouïr de sa respiration le rythme tendre,
Et vivre ainsi toujours — ou bien m’évanouir dans la mort.

Écoutez l’acteur britannique Rupert PENRY-JONES (*1970), lire ce poème dans sa langue originale ici : https://www.youtube.com/watch?v=XL7SE8HLet0

«BRIGHT STAR! WOULD I WERSE STEADFAST AS THOU ART»

Bright star! would I were steadfast as thou art—
Not in lone splendour hung aloft the night
And watching, with eternal lids apart,
Like nature's patient, sleepless Eremite,
The moving waters at their priestlike task
Of pure ablution round earth's human shores,
Or gazing on the new soft-fallen mask
Of snow upon the mountains and the moors —
No — yet still steadfast, still unchangeable,
Pillowed upon my fair love's ripening breast,
To feel for ever its soft swell and fall,
Awake for ever in a sweet unrest,
Still, still to hear her tender-taken breath,
And so live ever—or else swoon to death.

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