L'Eglise au risque de l'histoire
de Jean Dumont

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 5 août 2013
(Ottignies - 88 ans)


La note:  étoiles
Au service de la vérité
L'Histoire en général et l'Histoire officielle enseignée dans nos écoles accablent volontiers l’Église catholique de tous les maux, sans nuance et sans discernement. Il est temps de rétablir la vérité. Voila le point de départ de ce beau livre qui est le résultat de toute une vie de travail et de recherche du grand historien Jean Dumont.

Il n'est pas question ici de nier la part de responsabilité de l’Église dans certaines catastrophes de l'Histoire mais de faire la part des choses en remettant les événements dans leur contexte tout en donnant des preuves irréfutables de ce que l'on avance.

L'auteur reprend six principales accusations dont l’Église est généralement l'objet :
1 – L’Église a détruit la civilisation romaine
2 – L'Eglise a perpétué le « mal romain » qui est la tentation du pouvoir.
3 – L'Eglise a opprimé les Indiens d'Amérique du Sud
Dans une seconde partie l'auteur étudie des phénomènes plus polémiques :
4 – L'Inquisition française
5 – Les guerres de religion
6 – L'Inquisition espagnole.

Ce qui frappe d'emblée le lecteur c'est l'érudition et le sérieux de cet historien : il a tout étudié dans les moindres détails et il apporte des preuves de tout ce qu'il affirme. (Dans les marges à gauche et à droite du texte principal sont données les sources et où elles peuvent être consultées).

Les deux premiers chapitres m'ont intéressé sans me passionner parce que ces accusations ne sont ni fréquentes ni vraiment virulentes. C'est instructif mais on a parfois l'impression que l'auteur enfonce des portes ouvertes.

Le chapitre qui m'a le plus emballé est le troisième : ce que les Évangiles ont apporté aux Indiens d'Amérique du Sud était vraiment la Bonne Nouvelle. Les premiers Indiens convertis se faisaient missionnaires et allaient de village en village convertir leurs compatriotes. L'auteur nous explique comment l'enthousiasme de ces nouveaux chrétiens s'est manifesté dans l'art « latinos » qui exprime une joie exubérante et très populaire, un mélange de religion chrétienne et de tradition indienne. Ce chapitre a été pour moi une découverte.

La seconde partie du livre est passionnante mais plus difficile, surtout pour les guerres de religion qui sont un chapitre très controversé de l'Histoire.
L'auteur constate qu'à la suite de Michelet – ce grand maître historien du XIXème siècle mais de parti pris anticlérical – la plupart des historiens ont accablé injustement l’Église en minimisant le rôle des protestants qui, au XVIème siècle, s'étaient organisés dans une véritable « internationale » révolutionnaire. Il regrette qu'à la suite de Jules Ferry, très anticlérical lui aussi, tous nos manuels d'Histoire ont perpétré ces accusations exagérées, voire erronées, contre l'Église catholique.

Les chapitres sur les Inquisitions sont tout aussi passionnants. L'auteur montre que l'Inquisition française a été autant laïque que religieuse et a frappé autant les catholiques, notamment les Templiers, que les hérétiques et les protestants.
Quant à l'Inquisition espagnole elle était tout à fait différente : sans nier l'origine illégitime des tribunaux de l'Inquisition, puisqu'ils étaient religieux, l'auteur nous démontre combien ils étaient équitables en comparaison des tribunaux de l'époque, surtout ailleurs qu'en Espagne. L'auteur réfute aussi les chiffres outrageusement fantaisistes des victimes de cette Inquisition.
Il faut dire que pour Jean Dumont, l'Espagne était « le » pays civilisé du XVIème siècle, ce qui peut nous surprendre, nous qui connaissons l'Histoire racontée par les Français.

Dans ce livre il n'est pas question de nier les bûchers de l'Inquisition, ni la Saint-Barthélemy, ni d'autres fautes patentes de l’Église. Mais pour l'auteur, quand des faits sont prouvés ils ne parlent pas d'eux-mêmes, il faut les replacer dans leur contexte historique et tâcher de comprendre ce qu'ils prouvent.

Ici Jean Dumont nous dit que trop souvent, beaucoup d'erreurs et d'exagérations ont été commises par des historiens qui défendent une cause et qui se recopient de génération en génération. En sélectionnant certains faits et en les isolant de leur contexte, ces historiens en sont arrivés à affirmer, une fois pour toutes, que le catholicisme a toujours enfanté le fanatisme et l'intolérance.
Jean Dumont nous démontre avec conviction et preuves à l’appui qu'il n'en est rien.

Voila un genre de livre qui ne peut que réjouir tout amateur impartial d'Histoire et curieux de s'approcher du plus près possible de la vérité. Certains chapitres ne sont pas faciles à lire, ils supposent que le lecteur connaisse suffisamment l'Histoire pour tout comprendre. L'écriture n'est pas toujours celle d'un grand littérateur mais le côté parfois polémique et toujours bien informé du contenu rend la lecture de ce grand livre d'Histoire absolument passionnante.