Du bon usage de la lenteur
de Pierre Sansot

critiqué par Isad, le 2 août 2013
( - - ans)


La note:  étoiles
Fragments apologétiques de lenteur
Ce livre est constitué de petits exemples de façons lentes de se comporter. Il critique le papillonnage effréné des personnes perpétuellement pressées et qui ne se sentent exister que dans l’activité. Il demande surtout un droit à la différence, à ne pas être obligé de suivre le rythme actuellement dominant qui ne laisse pas libre court au fait de se sentir tout simplement vivre sans objectif chiffré.

Au bout de quelques jours, je suis incapable de retenir plus de choses de ce plaidoyer !

« Dans toutes ses expériences, la lenteur ne signifie pas l’incapacité d’adopter une cadence plus rapide. Elle se reconnaît à la volonté de ne pas brusquer le temps, de ne pas se laisser bousculer par lui, mais aussi d’augmenter notre capacité d’accueillir le monde et de ne pas nous oublier en chemin. » (p. 12)

IF-0713-4073
A lire absolument 9 étoiles

Oui, oui, oui, à lire absolument surtout si l'on est un hyperactif (ou peu s'en faut). Il y a déjà quelques années que j'ai lu ce livre de Pierre Sansot. Je l'avais acheté (m'en souviens) après m'être délectée à la la lecture de la première page du livre, qui commençait ainsi :

"Ce qui me scandalise chez ceux que je nomme les infatigables; c'est que leur énergie ne s'épuise jamais. Nous devrions disposer, les uns les autres, d'une quantité plus ou moins importante, mais de toute manière limite, d'énergie. A la suite d'une débauche d'efforts, elle diminuerait, quitte à se reconstituer après une période de latence. Je n'ai pas remarqué un tel processus chez mes infatigables et les explications de ce phénomène demeurent incertaines.

La citation est un peu longue mais elle a le mérite de poser le sujet sans ambiguïté. Il me fallait impérativement connaître la suite. J'ai acheté le livre après l'avoir encore un peu feuilleté et je l'ai lu presque d'une traite; je me disais que j'aurais pu (ou plutôt que j'aurais VOULU avoir écrit un tel livre). C'est vrai que si Pierre Sansot "règle" leur compte à tous ces infatigables, il reconnaît que le phénomène n'est pas nouveau et que les hommes et les femmes d'antan travaillaient énormément. Toutefois "Ce qui est nouveau, c'est que l'agir (qui dépasse les frontières du travail) apparaît aujourd'hui comme une valeur supérieure, comme si, faute d'agir, un individu s'exténuait et disparaissait. De ce fait, les rêveurs, ceux qui contemplent ou qui prient, qui aiment silencieusement ou qui se contentent du plaisir d'exister, dérangent et sont stigmatisés. Les penseurs, les idéologues reconnus ont opéré un glissement considérable. D'un exercice nécessaire à la constitution de notre personne, ils sont passés à un éloge de l'action, quelle qu'en soit la nature."
Le livre se termine sur l'évocation de ce qui bouleverse l'auteur, à savoir la naissance du jour "plus émouvante" à ses yeux "que celle d'un petit être humain."

Un très beau livre écrit dans un style sobre et limpide.

Zazazou - Paris - - ans - 14 août 2013