Le prince Baudouin, frère du Roi-Chevalier
de Damien Bilteryst

critiqué par VLEROY, le 30 juillet 2013
( - 45 ans)


La note:  étoiles
Une biographie intéressante sur un prince méconnu
Bravo à Damien Bilteryst pour cette biographie intéressante, objective, bien documentée et agréable à lire! Son style ressemble aux ouvrages de Dominique Paoli.

Qui était le prince Baudouin? Né en 1869 à Bruxelles, il est le neveu du roi Léopold II. Ses parents sont le prince Philippe de Belgique et la princesse Marie de Hohenzollern, comte et comtesse de Flandre. Mais suite à la mort du fils du couple royal, Baudouin incarne l'avenir de la dynastie. Son prénom est un hommage aux illustres comtes de Flandre et de Hainaut du Moyen Age, dont le plus célèbre, Baudouin IX, fut empereur de Constantinople.

Le prince Baudouin grandit dans le foyer heureux des comtes de Flandre avec son frère Albert et ses sœurs Joséphine et Henriette. Ils habitent un palais de la rue de la Régence à Bruxelles, passent une partie de l'été au château des Amerois près de Bouillon, et séjournent fréquemment chez les princes de Hohenzollern avec qui Baudouin s'entend bien. A partir de 1876, le docteur en droit Jules Bosman devient son gouverneur, mais ce choix ne plaît pas aux catholiques et à l'armée. Il a aussi désormais son propre valet de chambre, Jules Procureur. Une fois par semaine, la famille des comtes de Flandre fait l'effort de prendre un repas avec le couple royal, mais l'entente n'est guère au beau fixe.

En 1880, l'officier Oscar Terlinden rejoint Jules Bosman pour préparer son entrée à l'Ecole Royale Militaire en 1884. A 15 ans, c'est la première fois que le prince va côtoyer des personnes d'autres milieux que lui. Deux ans plus tard, il prête serment comme sous-lieutenant d'infanterie au régiment des grenadiers. Durant ses temps libres, il s'adonne à sa passion pour la chasse, la lecture, et les voyages en Suisse et en Italie.

Une composition du prince en 1886 révèle un peu ses idées politiques : "N'est-il pas naturel que ces pauvres gens qui souffrent certes beaucoup et qui voient le luxe effréné déployé par certains se laissent entraîner par les paroles des meneurs anarchistes? Ce ne sont pas les ouvriers qui sont mauvais : ils sont guidés par un petit nombre d'hommes coupables qui exploitent leur misère et leurs souffrances pour les exciter au pillage. La question sociale si importante si menaçante aujourd'hui mérite au moins d'être étudiée. Cependant, personne ne semble s'en occuper. Les luttes des partis catholiques et libéraux passionnent bien autrement l'opinion publique". En 1887, il se rend à Quaregnon où 113 mineurs sont morts suite à un coup de grisou.

La question du bilinguisme apparaît en Flandre et les quelques mots qu'il prononce en néerlandais à Bruges en 1887 le rendent populaire. L'énergique Léopold II déplore cependant le manque d'activités de son neveu et rappelle souvent que "Baudouin doit donner l'exemple à la jeunesse belge". En 1889, il se rend aux funérailles de l'archiduc Rodolphe à Vienne et à l'Exposition Universelle de Paris.

Sa cousine la princesse Clémentine est amoureuse de lui et a le soutien des souverains, mais Baudouin refuse et n'a pas envie de se marier pour l'instant. Le comte et la comtesse de Flandre ne sont pas non plus favorables à cette union.

Le grand mérite de cette biographie est de couper court à toutes les rumeurs qui circulent depuis des décennies sur sa mort : grâce au fil chronologique des événements et aux témoignages récoltés, tout coïncide pour affirmer avec certitude que le prince Baudouin est décédé en janvier 1891 d'une pleuropneumonie aiguë avec néphrite hémorragique et endocardite. Il est inhumé dans la crypte royale de Laeken. Suite à sa mort, c'est son frère cadet Albert qui devient le nouvel héritier de la dynastie et monte sur le trône en 1909.