Homo faber
de Max Frisch

critiqué par Killeur.extreme, le 8 avril 2003
(Genève - 42 ans)


La note:  étoiles
Un rapport
Mon titre correspond au sous-titre du livre et à la manière dont il est écrit, car il s'agit bien d'un rapport, fictif ?, possible.
L'histoire: Walter Faberest un ingénieur qui voyage beaucoup pour l'Unesco, chacun de ses voyages le pousse à remettre en question ses actes, Faber veut tout dominer dans sa vie, il essaie de se persuader qu'il a fait les bons choix dans sa vie, mais le passé va revenir lui réclamer des compte, le destin va s'en mêler....
Max Frisch est né en 1911 à Zurich, après ses études et de nombreux voyages, il est devenu architecte tout en se consacrant à la littérature. Il a reçu en 1958 le prix Georg Büchner, le plus important prix littéraire allemand, et en 1976, le prix de la Paix décerné par les libraires allemands, son oeuvre comporte des romans, des pièces de théâtre et un journal, Max Frisch est mort en 1991.
Ce roman raconte l'histoire d'un homme moderne qui sans le vouloir gâche la vie de plusieurs personnes, il montre aussi la difficulté de l'homme, son impuissance face au destin. un grand livre qui ne peut laisser indifférent, sauf si on a été obligé de le lire en allemand (je plaisante, quoique ?!?)
LE DÉMON DE MAXWELL. 7 étoiles

J’avais lu ce livre il y a de nombreuses années, mais ce n’est que très récemment au cours d’une conversation avec un autre CLien (qui se reconnaîtra ici...), qu’il m’est revenu en mémoire. En effet on m’avait demandé si je connaissais Max FRISCH, et moi de répondre que oui, bien sûr, mais malheureusement, il ne me restait plus assez de souvenirs de ce livre pour pouvoir en écrire une bonne critique. J’ai donc relu et bien sûr, redécouvert ce livre…

Homo faber est avant toute chose la biographie de Walter Faber, ingénieur Suisse au service de l’Unesco et qui voyage un peu partout dans le monde pour son travail. Cinquantenaire bien portant, Walter n’a jamais été marié et n’a jamais eu d’enfants, il se contente de vivoter de par le monde, partout où l’envoie son métier d’ingénieur, menant une vie confortable et tranquille de bourgeois bien arrivé dans la vie. Très intelligent, polyglotte, mais très peu connaisseur des arts et de la culture, il aime «estimer» l’intelligence de son vis-à-vis en lui expliquant le phénomène appelé «démon de Maxwell» et en voyant la vitesse à laquelle son interlocuteur le comprend… ou pas !...

Il nous raconte sa petite histoire personnelle et les évènements de sa vie privée. Se succèdent entre autres péripéties, un crash d’avion, une aventure au plus profond de la jungle du Guatemala à la recherche d’un ami d’enfance, de nombreuses conversations plus ou moins intéressantes, selon le degré d’intérêt que Walter Faber accorde à ses interlocuteurs.

Le livre en lui-même ne démarrant qu’à partir du moment où le héros du livre est de retour a New-York et où pour échapper au plus vite à Ivy, sa jeune et un peu trop «collante» maîtresse, il réserve un voyage aller en Europe à bord d’un paquebot qui part le lendemain, au lieu d’attendre quatre jours, et de prendre l’avion comme d’habitude…

A peine quitté le port de New York, il fait la connaissance d’une belle et jeune fille du nom Élisabeth (qu’il surnomme affectueusement Sabeth) et qui le charme par sa fraicheur, son intelligence et sa joie de vivre… mais déjà le destin est en marche qui lui réserve des très mauvaises surprises…

Le plus étonnant dans ce livre étant le style très particulier de l’auteur, et il faut avouer qu’il faut de nombreuses pages pour s’y habituer. C’est un langage dépouillé, précis, presque technique. Les phrases sont courtes, parfois même très courtes, rapides, sèches. Il n’y a pas de sentiments, pas d’émotion qui passent, simplement le récit de l’histoire, de façon presque mécanique, comme un rapport technique. Certaines phrases sont d’ailleurs répétées de nombreuses fois, comme si le personnage principal essaye de nous convaincre (ou de se convaincre) de la véracité de ce qu’il dit, ou des évènements qu’il nous raconte. Très étonnante est aussi la disposition du livre, il n'y a pas de chapitres, pas de paragraphes, pas d'interludes, juste de temps en temps une ligne en pointillés qui sépare en deux le texte pour indiquer au lectuer qu'on "passe à autre chose"...

J’ai toutefois été agréablement surpris par la modernité du langage, de l’histoire, des évènements qui y sont racontés, pour un livre (en partie autobiographique), qui rappelons-le a été écrit en 1957, il est d'une étonnante actualité et d'une vision à "long terme" exceptionelle! Le livre n'a pas du tout vieilli et pourrait avoir été écrit l'année dernière!...

La fin du roman m’a, par contre, un peu déçu je l’ai trouvé trop rapide, trop bâclée, et le changement de style d’écriture n’en facilite pas la lecture. Alors qu’avant les événements étaient racontés avec beaucoup de «calme» de distanciation par l’auteur, et se suivaient, malgré parfois des «flash-back», ici le rythme change, s’accélère et la cadence devient même infernale à la fin… un peu comme si l’auteur avait voulu «tout dire», en peu de pages, ou alors était vraiment pressé d’en finir !...

Reste toutefois que c'est là un très bon livre, et certainement une très bonne introduction à l’œuvre du grand écrivain Suisse.

Septularisen - Luxembourg - 56 ans - 28 avril 2013