Petit éloge du Tour de France
de Éric Fottorino

critiqué par Frunny, le 18 juillet 2013
(PARIS - 58 ans)


La note:  étoiles
Tour de France, tour d'enfance !
Après avoir été grand reporter au quotidien Le Monde, en être devenu rédacteur en chef puis le directeur de publication, Éric Fottorino (1960) écrit des romans, parmi lesquels "Besoin d'Afrique", "L'Homme de terre", "Rochelle" ou "Un territoire fragile", qui obtient un grand succès public. Passionné de vélo, il a pratiqué ce sport pendant toute son adolescence et l'abandonne à l'âge de dix-neuf ans, écoeuré par l'attitude de certains coureurs.
Tati, Malle, Blondin... Après tant d'autres cinéastes ou écrivains qui ont rendu hommage à la douce mélopée du cyclisme, Eric Fottorino publie à son tour son "Petit Eloge du Tour de France".

"J'ai couru mon 1er Tour de France à l'âge de 11 ans. Je m'appelais Luis Ocaña et j'allais terrasser l'ogre Eddy Merckx".
Cette phrase ô combien représentative de la couleur de ce court récit, renvoie à l'enfance.
Une enfance incarnée par des héros, "les Géants de la route". Le Tour de France, une Epopée, des Drames, la Majesté du peloton, la Gloire du vainqueur.
D'Eugène Christophe (1913) à Lance Amstrong, Eric Fottorino éclaire ces forçats de la route de ses yeux d'enfant. Et la légende se met en branle !
Mais l'auteur reste très lucide quant à l'actualité du cyclisme professionnel :
"Aujourd'hui, l'héroïsme n'est plus de mise. Le dopage a assommé la fête. Les dieux sont à terre, la magie s'est perdue".
"Le Tour existe encore, mais il n'a plus de vainqueur connu et reconnu depuis une décennie".
La caravane du Tour, le culte de la performance et les impératifs financiers semblent avoir eu la peau du spectacle sportif le plus populaire de France.
L'image de "tous dopés" colle au peloton comme celle de "tous pourris" aux hommes politiques.
Inverser la tendance pour retrouver le mythe semble être une douce utopie.

En cette année de centenaire du Tour de France, nombreux sont les ouvrages dédiés à son l'Histoire.
J'avoue avoir été séduit pas ce court récit entre le regard émerveillé de l'enfant et l'analyse sans concession du cancer qui ronge cette épreuve mythique.
Fottorino fait revivre les plumes passionnées, lyriques et poétiques d'Albert Londres et Antoine Blondin.

Un excellent moment de lecture empreint de nostalgie.