Vivre, penser, regarder
de Siri Hustvedt

critiqué par Lectio, le 15 juillet 2013
( - 75 ans)


La note:  étoiles
magistral !
Trois sections composent ce livre : VIVRE, largement autobiographique concerne des textes directement liés à la vie de Siri Hustvedt (nous savons tout sur ses terribles migraines !). PENSER consiste en un questionnement intellectuel des événements issus de "vivre" : qu'est ce que la mémoire, l'imagination, quel rôle joue la mémoire dans l'imagination, quelle différence entre écrire une fiction et une autobiographie, la rencontre de deux personnes crée-t-elle une troisième réalité ?.. plus largement, la pensée, les émotions, le langage, en bref tout ce qui permet à un individu de "devenir" et d'interagir avec son environnement. REGARDER concerne l'art, thème déjà familier à l'auteur. A travers des exposés sur le regard, la perception, rencontres avec Louise Bourgeois, Kiki Smith, Annette Messager, Richard Allen Moreis, Margaret Bowland et un texte magistral sur Goya. Défiante envers les experts, Siri Hustvedt entreprend de faire dialoguer des disciplines scientifiques et humaines. Elle convoque ainsi la philosophie, la psychanalyse, la psychologie, l'art, la littérature, les neurosciences, la médecine. Vaste chantier intellectuel et à en juger par l'épaisseur des références et notes en fin d'ouvrage, assurément l'auteur a beaucoup lu, consulté, compilé. Ainsi qu'elle l'écrit dans la préface de l'ouvrage " j'ai obtenu mon doctorat de littérature anglaise à l'université de Columbia en 1986 mais je ne suis pas devenue professeur. J'ai eu la liberté de poursuivre mon éducation à mon gré et je ressens comme une bénédiction le fait de n'avoir pas dû me maintenir à flot dans mon domaine". Mais le résultat des vagabondages entre ces différents domaines laisse plutôt l'impression d'un babillage érudit devant une tasse de thé fumant plutôt qu'une véritable synthèse ou dialogue entre ces disciplines. Ouvrage composé de textes choisis, d'une écriture narrative, simple, claire, fluide, on en appréciera davantage une lecture morcelée que continue. Cet ensemble trop lisse et ronronnant nous assoupit, dérive notre attention et nous devenons incapables de retenir ce que mécaniquement nous lisons (S. Hustvedt traite ce sujet). La cause ici en est l'ennui, cet ennemi terrible des tracés rectilignes et monotones. Connaître de nombreux sujets, pointer les liaisons et interdépendances entre eux ne suffisent pas plus que l'expertise à fournir une connaissance exhaustive et solide des constituants de l'Humain, éternelle ligne d'horizon qui recule d'autant que nous avançons.