Les mouchoirs rouges de Cholet
de Michel Ragon

critiqué par JulesRomans, le 13 juillet 2013
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
Les mouchoirs rouges comme drapeau noir
Un roman historique intéressant dans son désir de retracer les mentalités des paysans vendéens qui survivent après la répression de leur révolte armée, répression qui n’est pas à qualifier de génocide comme le fait l’auteur. Une vingtaine d’années parcourues du Directoire à la Restauration. Certains se demandent après coup pourquoi ils ont pris les armes et quelles satisfactions leur a apportées Louis XVIII?

Que ce soit dans ses livres sur l’histoire des anarchistes ou là, l’auteur n’a jamais été un historien avec le travail sur les archives que cela suppose et un regard distancié sur des discours manichéens qu’il rencontre à propos de militants (en particulier ceux signataires en 1916 du Manifeste des Seize). Ce n’est donc pas l’évêque de Luçon d’avant la Révolution qui est le chef de file de ceux qui maintiennent leur refus du Concordat (le pauvre est mort en 1801 archevêque de Bourges) mais l’évêque de La Rochelle Jean-Charles de Coucy (décédé en 1824, il a fui en Espagne après son refus du Concordat).

Bref pour comprendre quelque chose à la Petite Église, dont les membres sont des dissidents catholiques qu’on retrouve à la Belle Époque dans le roman "Nêne" d’Ernest Pérochon, et à l’origine du mouchoir rouge de Cholet, il faudra aller chercher ailleurs. Sur ce dernier point ce sera "Le Mouchoir rouge de Cholet". Pour le premier on lira "La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvres" par Auguste Billaud, ce qui permettra de comprendre que ces dissidents ont pour lieux d’habitation essentiellement des villages des Deux-Sèvres qui appartenaient au diocèse de La Rochelle, alors que la dissidence se rencontrait peu en Vendée départementale même au début du XIXe siècle.