A l'ouest barbare de la vaste Chine
de Alexandra David-Néel

critiqué par Fanou03, le 8 juillet 2013
(* - 48 ans)


La note:  étoiles
Quand la Chine s'éveillera...
Ce livre forme la chronique d’une partie du voyage en Chine qu’Alexandra David-Néel, la fameuse exploratrice, a réalisé dans les années 40. Elle décrit en particulier les provinces chinoises méconnues du Ching-Tai et du Sikang, aux confins de la Chine et du Tibet. D’une écriture précise et fluide, elle nous livre ses nombreuses observations sur ces régions métissées, sous administration chinoise mais bien ancrée dans l’aire culturelle tibétaine. Observations culturelles, juridiques, économiques, et religieuses bien sûr, mais aussi mœurs et moralité : peu de chose échappe à l’œil exercé et sans jugement de valeur de notre exploratrice. Mêlant à son récit des pensées d’un étonnant modernisme (sur la colonisation et la peine de mort en particulier) elle fait le constat prophétique, en 1947, d’un peuple chinois devenu l’égal des peuples occidentaux et qui pourrait même les surpasser si l’on n'y prenait garde.

Essentiellement descriptif, la lecture de ce récit est un peu fastidieux parfois pour qui n’est pas un passionné des traditions vestimentaires des pasteurs des hauts plateaux, ou pour qui ne s’enflamme pas pour l’antiquité tibétaine. Vous serez malgré tout sans doute bercé par la liste des noms des rois de Lhassa et des provinces de Chine aux sonorités étranges, par les légende du Lac Koukou-Nor et par les péripéties du Panchen Lama. Les phrases du livres constituent ainsi un merveilleux somnifère qui vous endormiront doucement pour vous emporter en rêve vers Sining ou Tatsienlou...
Mais globalement, malgré l’absence (dans cette vieille édition) d’un chapitre remettant dans le contexte les voyage de l’exploratrice, malgré une carte de la région peu lisible, et surtout malgré une trame narrative qui perd parfois le lecteur, ce récit est vraiment un témoignage rare et remarquable des relations sino-tibétaines du début du XXème siècle.