Chroniques parisiennes 1924-1928
de Kurt Tucholsky

critiqué par Catinus, le 2 juillet 2013
(Liège - 72 ans)


La note:  étoiles
Toujours d'actualité
Kurt Tucholsky (1890-1935) était un journaliste allemand qui écrivit en 1924 les « Chroniques parisiennes «. Le présent livre n’en propose qu’une toute petite partie. A cette époque, il était en poste à Paris pour divers journaux. Kurt Tucholsky se définit comme socialiste, pacifiste et antimilitariste. Il y décrit avec talent et humour Paris, les Parisiens, les Français,…. Beaucoup de descriptions y sont encore d’actualité d’où l’intérêt de cet ouvrage.


Extraits :

- Qu’est-ce qu’un Français moyen ? (rappelons que nous sommes en 1924)
Le Français moyen habite Paris. Il a quarante ans, un petit ventre et un visage empourpré après les repas. Il mange beaucoup de pain et fume du tabac de régie ordinaire. (…) Il s’est marié à vingt-sept ans ; sa femme a apporté une dot conséquente au ménage. Il a deux enfants, un garçon et une fille. Le petit sera ingénieur, la petite apprendra le piano et l’anglais. (…) Tous les samedis, il accompagne sa famille au cinéma. Quand il obtient des billets réduits, il va même au théâtre. Il a son bureau en centre-ville et habite la périphérie. Il est en froid avec sa concierge. Il cherche un autre appartement. (…) Il n’a pas encore payé d’impôts pour l’année en cours (…) Il achète chaque matin à « son « kiosque, « son « journal. (…) Il a tous les ans quatorze jours de congé qu’il passe chez sa belle-mère à la campagne, dans les cris et les disputes incessantes. (…) Il n’a pas encore quitté la France et ne comprend pas pourquoi les trains passent les frontières. Il croit dur comme fer que les Anglais sont un peuple sournois et que les Allemands ne sont pas encore complètement civilisés. Mieux vaut de toute manière les éviter tous les deux. (…)

- Paris est une ville ancienne. Paris est une ville nouvelle. Mais Paris n’est pas pour autant repeint et à neuf, et n’est pas non plus un musée. Et pourtant Paris est conservateur.

- Si la vie est réellement agréable dans ce pays, c’est justement parce qu’ici le bien-être ne se heurte pas à l’existence du voisin. Les nerfs sont relâchés, aucun tension – l’autre ne se soucie pas du tout de vous et, ma foi, vous pouvez bien ne pas vous soucier de lui non plus.

- Le Français n’est pas « galant « pour un sou, et, en public, ne traite pas ces dames avec la même qualité que le font les Anglais.