Rien que du ciel bleu
de Thomas McGuane

critiqué par Jules, le 18 janvier 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Comment détruire sa réussite avec humour
Frank et Gracie vivent dans un petit bourg du Montana. Frank y est quelqu'un et possède une bonne partie de la ville.
Il a non seulement plusieurs immeubles, mais aussi des commerces. C’est la réussite, et l’argent en découle automatiquement. Ils ont une fille, Holly.
Quand le livre débute, Frank conduit Gracie vers une autre ville, un peu plus grosse, pour qu’elle y prenne un train. Ils ont décidé de se séparer et Gracie gardera Holly. Tout le trajet, il ne lui parle que d’affaires, d’un procès entre Kellog et Général Mill pour plusieurs milliards de dollars. Juste avant de la quitter il lui dira que, leurs relations n'ayant pas été des meilleures ces derniers temps, il n'avait pas été des plus performants mais que, elle partie, il s’attendait à décoller comme une fusée !. Avant de la quitter, il trouvera le temps de lui glisser : " Si tu en as l'occasion, j'aimerais te voir gagner quelques dollars en annuités à taux variable, déductibles d'impôts, mais tout ça est désormais entre toi et un autre. ". Tendre et sentimental, Frank !.
Sa femme et sa fille parties, il sillonne sin bled, récolte ses loyers, contrôle ses affaires et s’envoie en l’air avec Lucie, sa maîtresse, patronne de l’agence de voyage. Il fait tourner, mais les jours passent et le cœur y est de moins en moins. Un jour, voilà qu’il tombe sur sa canne à pêche… Il la monte et le lendemain à l'aube, il est dans la rivière jusqu’aux hanches à titiller les truites. Il regarde le soleil se lever, la lumière changer, les reflets sur l'eau. La nature lui semble une véritable merveille. Cela prendra un peu de temps, mais il se comportera comme si ses affaires ne concernaient que les autres et plus lui. La spirale de l’ascension peut être longue, mais celle de la dégringolade est toujours plus rapide ! Il se fout de tout et regarde tout le monde s'agiter en spectateur. Il pêche… Il rit de ce qu'il appelle maintenant un jeu futile et vain. A vous de découvrir la suite.
Une fois de plus, McGuane se moque des tabous de la société américaine, du dieu dollar, de la réussite, la voiture, le standing, toutes ces choses stupides qui n'apportent qu’une chose : la perte des valeurs humaines.