Des êtres sans gravité
de Valeria Luiselli

critiqué par Alma, le 28 juin 2013
( - - ans)


La note:  étoiles
Entre réel et fiction, entre mensonge et vérité .
A Mexico, la narratrice : une jeune femme, épouse d’un architecte, compose - quand ses 2 jeunes enfants « le moyen et la bébé » lui en laissent le temps - un roman sur sa vie d’avant. Lui reviennent par bribes des souvenirs du temps où, à New York, jeune fille libre et bohême, elle traduisait les poèmes de Gilberto Owen.

Roman sur l’écriture d’un roman, DES ETRES SANS GRAVITE met en abyme l’écriture romanesque. La narratrice y recrée son passé « j’essaie seulement d’imiter mes fantômes, d’écrire comme ils parlaient, ne pas faire de bruit » Des fantômes, des êtres sans gravité, sans pesanteur qui apparaissent et disparaissent , qui se mêlent aux personnages de sa vie actuelle et déterminent même leurs agissements . Non seulement le réel du passé devient fiction romanesque, mais à son tour cette fiction romanesque transforme le devenir des personnages du présent. On comprend pourquoi Valeria Luiselli a placé en exergue une phrase extraite de la Kabbale : « Prends garde ! Si tu joues au fantôme, tu vas en devenir un »

Le roman se présente comme une sorte de puzzle narratif que le lecteur ballotté entre passé et présent, réel et fiction doit – et c’est parfois un peu déroutant- reconstituer. Fragments de la vie des intellectuels et des artistes dans le Manhattan des années 20, plongées dans les milieux de la traduction et de l’édition, rencontres et situations parfois saugrenues , éclats de la vie fantasmée de Gilberto Owen, morceaux du quotidien de vie familiale , tout cela se croise, s’entremêle avec vivacité, tendresse et humour.