Histoire d'une jeunesse (1905-1921) : La langue sauvée
de Elias Canetti

critiqué par Béatrice, le 23 mars 2003
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Evocateur
Les souvenirs d'enfance de Canetti, entre 1905 et 1921, jusqu'à l'âge de 14 ans. Au centre de cette autobiographie il y a le deuil du père et la relation passionnée (œdipienne ?) avec la mère. L’évocation du grand-père, juif pratiquant, et de l’oncle, homme d'affaire redouté à Manchester s’ajoutent à ce très vivant portrait de famille.
Canetti parle des éléments qui ont forgé son identité : son parcours cosmopolite à travers l'Europe ; l’apprentissage « en marche forcée » de la langue allemande ( qui sera plus tard sa langue de prédilection ) ; le rayonnement culturel viennois ; l’univers livresque peuplé par les grands explorateurs et les héros de la mythologie grecque. Sa mère, très cultivée et sensible aux choses de l'esprit, l'accompagne dans sa lecture et sa réflexion sur les pièces de Shakespeare et Schiller. Par admiration et dévouement filial, le garçon de 12 ans devient un lecteur ardu, un interlocuteur capable de s'entretenir avec sa mère sur les grands classiques.
L’auteur nous raconte son enfance avec le recul et la lucidité de l’adulte. Tout au long du récit, ces deux composantes, le recul et la lucidité, restent parfaitement compatibles avec l’émotion et la sensibilité.