Antigone
de Henry Bauchau

critiqué par Jules, le 21 mars 2003
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
On ne se fatigue pas d'Antigone !...
Antigone, le personnage éternel, fascinant les humains par son sens de la Justice, du devoir et par son courage.
Ici, nous la retrouvons qui rentre à Thèbes où ses frères Etéocle et Polynice sont en passe de se faire la guerre. Elle revient de son long périple avec Œdipe qui l'a mené par monts et par vaux. Ismène, sa sœur, n’a pas changé et reste la jeune fille faible qui se laisse bercer par le temps et le courant des choses. Elle retrouve Créon, mais aussi son fils, Hémon, dont elle tombe amoureuse et il en va de même pour lui.
Thèbes est encerclée par les troupes de Polynice et de ses alliés. En effet, ce dernier n’a pas hésité à s'allier avec des ennemis de Thèbes pour tenter de prendre le pouvoir qu’il estime lui être dû. Les deux frères sont d’un tempérament tout à fait différent l'un de l'autre. Etéocle a toujours été l'enfant sage et sérieux, alors que Polynice est bourré de charme et a toujours été le petit favori. Il est habile guerrier, courageux, beau, bon cavalier et plein de fougue.
Antigone va tenter une conciliation entre les deux frères. Elle tente d'être neutre, mais son penchant caché pour Polynice est flagrant. Va-t-elle y arriver ?…
Quand nous entrons dans la vie d'Œdipe et de ses enfants, nous nous retrouvons comme chez les Atrides. Ils n'ont pas été plus gâtés qu'Agamemnon, sa femme et sa descendance. Mais que peuvent faire les hommes contre le destin et les dieux ?…
Nous sommes à nouveau ici en pleine tragédie grecque et Henry Bauchau, d'une écriture flamboyante, poétique et éternelle, nous aide à comprendre tout le tragique de ces drames. Antigone est déchirée entre ses frères et son destin l’emportera. Elle a beau dire : « Je voudrais moi aussi vivre plus longtemps. Je ne connais rien de plus beau, je ne connais rien d’autre que vivre. », il n'en demeure pas moins que son destin est ce qu'il est !
Un superbe livre !
pur bijou 10 étoiles

Cette Antigone de Bauchau est vraiment une merveille d'écriture , le récit est sobre, épuré, magnifique, pur ... je suis littéralement tombée sous le charme et ai, grâce à Antigone, découvert un auteur...

Aligot - - 54 ans - 30 octobre 2011


Quelle version prendre ?... 9 étoiles

Il est exact que Bauchau reste très fidèle à l'image que nous avons d'Antigone. Son livre est superbe et reste donc "classique"

Mais les Grecs, déjà, ne se tenaient pas comme tout à fait liés par ces légendes. La version la plus connue de nous est celle qui fait qu'Oedipe se crève les yeux puis part sur la route et à Colonne accompagné d'Antigone. Une autre nous dit qu'Oedipe, comme châtiment et après s'être crevé les yeux, est enfermé dans un cachot où il n'aurait reçu que les plus mauvais morceaux à manger. Cela entraînera sa colère et l'amènera à maudire ses deux fils. Cette malédiction viendra alors s'ajouter à celle qui existait déjà sur Laïos et toute sa descendance. Il est à noter d'ailleurs que dans sa pièce "Etéocle" Eschyle considère que cette malédiction est totalement accomplie à la mort des deux frères. Il ne tient donc pas compte d'Antigone, non encore punie, ni de sa soeur Ismène. D'ailleurs, à ma connaissance, je n'ai jamais rien lu quant au sort final d'Ismène.

Sophocle ne parle pas de cet emprisonnement qu'aurait subi Oedipe.

Ces légendes tenaient une très grande part dans la vie des Grecs mais pouvaient évoluer selon les époques mais aussi selon le message que l'auteur voulait faire passer.

C'est vrai qu'ici l'histoire nous semble plus moderne tout en restant plus intemporelle. L'écriture de Bauchau est une véritable splendeur !

Jules 2 - - 79 ans - 21 décembre 2004


Merveilleuse!!! 8 étoiles

Voici un livre passionnant !!! Au début, j'ai eu dur à m'y accrocher alors j'ai fait un effort de lecture ce que je suis content d'avoir fait!! Cette histoire tragique, mythologique est une merveille.
Le point qui m'a marqué le plus c'est la personnalité d'Antigone qui pour moi est un jésus christ au féminin!! Ainsi, le livre est beaucoup plus intriguant

Goussot_Vincent - charleroi - 37 ans - 21 décembre 2004


Vibrante Antigone 8 étoiles

On connaît l'histoire d'Antigone, Henry Bauchau ne la déforme pas. Cela lui permet de concentrer son talent et son attention sur le personnage et ce qui fait sa force. Antigone au centre de tout, son caractère mis en lumière grâce à une écriture poétique et théâtrale.
J'ai été touchée par le respect qui se dégage de l'écriture de Bauchau, il donne vie à Antigone, lui donne sa juste place et la met en valeur, cette valeur humaine qu'elle mérite et qu'on oublie parfois au profit de la tragédie.
Antigone se sacrifie, elle souffre, elle crie, elle pleure. Bauchau a laissé de côté l'aspect théâtral pour faire place au langage du coeur, son texte est d'une grande violence émotionnelle. J'avoue avoir préféré sa version à l'originale. Sous sa plume, Antigone est une vraie femme, qui éprouve des sentiments humains très forts qu'il décrit avec beaucoup de justesse et de sensibilité. Une femme courageuse, qui aime, qui souffre, qui espère. Bauchau n'oublie aucun des aspects de la personnalité de son héroïne mais autour de chacun, il compose un récit, il nous raconte une histoire.
Comment dire... Antigone devient vivante et palpable, on la sent, on pourrait presque la toucher. Elle n'est plus cette héroïne dramatique intemporelle mais un être de chair et de sang qui fait vibrer le texte de la première à la dernière page. Bauchau ne prend pas pour autant de libertés avec l'histoire (enfin, il ne m'a pas semblé) mais il l'écrit autrement. Une "modernisation" du texte qui me plaît beaucoup.

Sahkti - Genève - 50 ans - 19 décembre 2004


L'art contre la violence 8 étoiles

L'art contre la violence? C'est une des méthodes qu'emploie Antigone pour surmonter le conflit entre Polynice et Etéocle - malheureusement, elle échoue, et c'est probablement là la vraie tragédie. Il revient à Henry Bauchau d'avoir su rendre toute la complexité au personnage d'Antigone. Antigone, donc, qui guérit au lieu de blesser, qui crée au lieu de détruire, qui finalement se sacrifie et refuse d'être sauvée - on irait sans doute trop loin (ou pas assez) de la qualifier de "Jésus au féminin", mais il y a bel et bien une redoutable dimension christique dans ce personnage...

Gryphon - Mexico DF - 59 ans - 31 juillet 2004


Antigone, toujours recommencée 9 étoiles

L'Antigone de Bauchau, grande et magnifique, elle coule et entraîne, elle est violente et douce à la fois. Elle est un grand tableau de gestes et d'amples mouvements, tels les cheveaux de Polynice et Etéocle qui s'affrontent dans la lumière. Elle est inoubliable, comme le dit Lucien. lisez Bauchau.

Sido - Grenoble - 69 ans - 25 mai 2004


Le cri d'Antigone... 9 étoiles

Comment ne pas l'imaginer comme le faisait Lucien il y a juste un an poussant sa longue complainte au milieu des cadavres des villes d'Irak. Bauchau a donné une lecture fascinante de la tragédie de Sophocle avec des mots à arracher des larmes. Ce vieil homme a sans aucun doute mieux que quiconque donné une interprétation du mythe.

Hambraine - Fosses La Ville - 73 ans - 12 avril 2004


Inoubliable 9 étoiles

Je suis amoureux d'Antigone. Il me plaît de croire qu'Antigone, en grec, ça signifie "l'angle opposé". je n'ai pas vérifié, tant pis. Je le pose comme postulat. Antigone, la jeune fille qui s'oppose, qui prend le contrepied, qui joue le contrepoids.
Je suis amoureux de cette Antigone poétique et psychanalytique, l'Antigone du vieux Bauchau friand de mythes à revisiter.
Cette Antigone qui devient femme. Cette Antigone qui pleure sur les cadavres de ses frères. L'Antigone de Bagdad ou de Bassorah. La femme qui toujours pansera les blessures, ourlera les linceuls, entonnera les chants des morts.

Lucien - - 68 ans - 9 avril 2003