Les dix-neuf roses
de Mircea Eliade

critiqué par Pucksimberg, le 16 juin 2013
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Roman énigmatique
Voici un roman où il faut lire entre les lignes, un roman qui pourrait être une longue nouvelle de Borges, une histoire hitchcockienne dont les clés sont à chercher du côté de certaines considérations ésotériques. C'est un roman qui demande de la réflexion, de deviner, d'analyser certains symboles, ce qui donne un caractère ludique. Le lecteur qui attend une fin claire, fermée risque de ressentir une certaine frustration avec ce texte. Le choix d'un tableau du surréaliste Magritte en couverture ne peut que confirmer certains choix hermétiques faits par l'auteur.

Anghel D.Pandele est un grand écrivain qui reçoit la visite de deux jeunes gens, Vladimir Serdaru et Niculina, qui viennent lui apprendre qu'il est père. Tout ceci remonte à quelques décennies en arrière lorsque A.D.P. aurait eu une relation amoureuse avec la comédienne qui devait jouer le rôle d'Eurydice dans la seule pièce qu'il a écrite. Un problème de taille se fait sentir : A.D.P. ne se souvient absolument pas de cet épisode, ni ce qu'il a fait le fameux soir de noël évoqué par ces jeunes gens. Tout ceci pourrait ressembler à un vulgaire scénario de téléfilm, mais il n'en est rien ! L'on bascule dans un roman à suspense, mystérieux, crypté. Il est question de théâtre, de rituels sacrés, d'anamnèse. La réalité s'entremêle aux mythes. Orphée et Jésus sont rapprochés pour délivrer une lecture du monde assez surprenante.

Mircea Eliade centre son roman sur le monde de la littérature et le caractère sacré du théâtre. On bascule progressivement dans le fantastique et l'on s'interroge sur la liberté absolue.

Cette oeuvre est fascinante et nécessite un lecteur participatif. Durant la lecture, on attend avec impatience de comprendre qui sont vraiment les personnages et quel est leur fonction. Cela tire parfois en longueur ... On a parfois le sentiment de rester à l'extérieur du délire de l'écrivain.

Un roman qui ne plaira pas au plus grand nombre, mais qui a le mérite d'être construit correctement et d'appuyer une thèse.